En ce moment de grandes recompositions, on ne peut pas dire que le RPM et son président souffrent de manque de visibilité. Du renouvellement de la section française du RPM aux brainstormings de l’Internationale socialiste où, il y a deux semaines, IBK à New-York, a participé aux réflexions sur la « nouvelle économie » aux côtés de gourous célèbres, en passant par les prises de positions successives sur les affaires de la nation, il n’y en aura eu ces dernières semaines que pour le parti du Tisserand.
Et on est loin du lynchage médiatique dont l’ancien Premier ministre regrettait d’être l’objet dans la maison à psychodrames que fut l’Adema dans une vie antérieure. D’ailleurs, le « gros Malinké » n’est plus très loin de remporter le suffrage des médias. Sa « com » en tout cas est devenue conquérante. Reste à tenir le pari de la durée, car si pour un candidat, 2012 c’était déjà hier, maintenir une présence tout aussi conquérante jusqu’à cette échéance n’est pas donnée. IBK doit en tout cas s’interdire deux choses désormais. La première, c’est de s’éclipser après une telle visibilité.
La seconde c’est de nous faire souffrir de sa présence. Visibilité d’accord mais quid de la lisibilité ? Celle-ci, évidemment, est à mettre en relation avec 2012. IBK ne donne ni dans le louvoiement ni dans le mystère : il briguera la magistrature suprême, Inch Allah, et pour la troisième fois de sa vie. Cependant, même dans l’éventualité de son élection, car il est indiscutablement un favori à cette échéance, son parti tient à marquer ses convictions. Pour le RPM en effet, la révision constitutionnelle en cours mérite plus de réflexion et de consensus.
Un président-manitou n’est pas ce qu’il faut, attention au mimétisme qui nous conduirait vers le Sénat, donnons-nous des institutions efficientes et réalistes donc à la portée des moyens d’un pays pauvre. Voilà le souhait du RPM. Si le souhait n’est pas transformé en article, IBK pourrait-il, lui, le transformer en consigne de vote contre le référendum annoncé? Toute la question est là. L’homme n’est pas un jusqu’au boutiste. Pourtant, le Mali des peuples et non des élites qui se croient toutes premier-ministrables n’a pas besoin de la primature. Il n’a pas besoin de sénat, pas plus que de hautes collectivités. Il a besoin de gouverneurs élus. Il a besoin d’un régime présidentiel clair et net et d’un président qui vient devant un parlement réhabilité sans subterfuges et sans fusibles. L’argent dépensé sur des institutions-bidons le sera alors pour l’emploi des jeunes. Mais le RPM n’a pas dit ça.
Adam Thiam