Edito : la grande muette parle enfin

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Moustapha Diawara - pardonnons - avance - marasme
Moustapha Diawara

Entre l’armée malienne et le nouveau patron de la Défense, on ne savait pas qui était le plus muet.

 

Sans faille, malgré son tempérament froid, le Général Bah N’Daw a réussi son coup de chaud. Il s’agit de la première sortie d’un membre du gouvernement depuis l’éclatement de cette nébuleuse affaire du résultat d’audit du FMI.

Il a plus de mérite que nombreux de ses collègues (accusés dans cette affaire) qui ont le verbe facile lorsqu’il s’agit de parler des spectacles du prince du jour.

 

Avec cette sortie, on a l’impression que le vieux bidasse a organisé son silence pour mieux faire émerger ses idées. Il était rassurant, convaincant et poignant. Surtout quand il annonce avoir annulé tous les contrats suspects.

 

Doublement, il a le mérite d’avoir très tôt parlé. Car sous ce régime d’IBK, la communication et la vérité sont les seuls clés du succès. Surtout dans une affaire ou des « copains » du « fils national » sont mouillés.

 

Triplement, le ministre de la Défense a le mérite d’avoir bien parlé. Si l’on sait que c’est son prédécesseur, Soumbeylou Boubèye Maïga qui est sali dans toutes ces deux affaires. C’est lui qui aurait peut être fait trinquer sec la bonne dame des Finances, Bouaré Fily Sissoko. Et dans le même sillage, les bouillants ministres Ben Barka et l’« anti aigris » Camara.

 

A l’heure actuelle, il est difficile d’établir, avec certitude, les vrais coupables du détournement des 29 milliards des 69 milliards engagés dans le ‘’sordide’’ équipement de l’armée malienne. Même si certains ont déjà formé la quadrature du cercle des indexés ministres.

 

Mais dans ces genres de bégaiement de l’histoire, à coup sûr, l’ancien barbouze en chef d’Alpha Oumar Konaré sait tirer son épingle du jeu. Surtout lorsqu’il reviendra de la Centrafrique avec l’argent de l’ONU. A coup sûr, il n’achètera pas des journalistes mais des journaux les plus lus de la place. De la même manière qu’on a transformé le voyage héroïque du Premier ministre Mara à Kidal en crime de lèse majesté, on déformera la quadrature du cercle en trio infernal.

 

Et par ricochet, il faut craindre que les juges ne roupillent pas à poings fermés sur cette affaire. Une évidence qui pourra exacerber les patrons des institutions du Breton Woods, d’ici leur session de décembre prochain.

 

On sait que la démission n’est pas le propre des gouvernants maliens, dans ce contexte, il revient donc aux autres ministres d’emboiter le pas au ministre de la Défense, en donnant leur version des faits. Sinon, il sied au prince du jour à faire vite un remue-ménage. Jean Pierre Chevènement, le ministre français qui a démissionné trois fois en moins de vingt ans ne disait-il pas : « Un ministre, ça ferme sa gueule, si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. »

Moustapha Diawara

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