Edito / Gbagbo, l’anti Dalein

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 Abidjan et Conakry portaient la même problématique – le rapport du politique africain à la démocratie représentative – et les mêmes menaces : celles de la déstabilisation nationale et sous-régionale ainsi que des affrontements ethniques et régionalistes. En acceptant humblement les règles du jeu malgré ce qu’il a appelé la pertinence de ses arguments, Cellou Dalein Diallo dans un acte de grande noblesse politique, a transformé la menace en opportunité.

Ce qu’en fera, Alpha Condé, l’opposant historique venu au gouvernail reste une autre affaire dans un pays dont l’impatience et l’exigence seront à la mesure de ses grandes potentialités mais aussi de ses opportunités manquées. Opportunité manquée : l’autre prénom et le nom de Laurent Gbagbo.

Pas le Gbagb qui, en son temps, sut tenir tête à la France et refuser le statut de marionnette du pré-carré. Mais celui qui, de la ruse au parjure et de la surenchère à la pyromanie ne mise plus que sur la légitimité du fait accompli Triste pour la Côte d’Ivoire : car elle avait réussi l’essentiel, en démontrant qu’elle pouvait, si ses politiques le voulaient, régler la question de l’intégration nationale, se passionner pour le débat contradictoire et se mobiliser massivement pour les urnes.

 Les démons que l’on croyait conjurés de la xénophobie, de l’ethnie et de la région, hélas, guettent, de nouveau, le pays d’Houphouët que l’on voyait pourtant émerger de sa longue nuit. Contrairement à un passé lourd de charniers, de viols et de violations, ce pays est, aujourd’hui, perfusé, à coups de milliards de dollars, par la communauté internationale.

Laquelle est témoin oculaire et actrice. L’Onuci certifie les résultats de la Cei et rejette ceux du Conseil Constitutionnel. Les grands du monde se sont prononcés. La Cedeao et l’Union africaine aussi . Un seul constat se dégage de leur position : il n’y aura pas à Abidjan de jurisprudence kenyane ou zimbabwéenne. La marge de manœuvre du cascadeur Gbagbo est donc plus qu’étroite. Il a dangereusement vécu ces cinq dernière années mais comme disent les Dioula : boli bana ou fin de course. La question n’est donc pas si cet ancien opposant historique devenu un accroc du pouvoir tombera mais quand et après quel gâchis.

Adam Thiam

 

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