Edito / GBAGBO

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Le chef historique du FPI, Laurent Gbagbo vient d’être arrête par les forces spéciales françaises alors qu’il s’était réfugié dans le bunker de sa résidence, à Abidjan. Cette arrestation était dans l’air depuis près d’un mois et était la suite logique des événements douloureux qui déchiraient une Côte d’Ivoire meurtrie par une rébellion – guerre civile entamée au lendemain de la disparition du Vieux Houphouët.

Que de pleurs, que de larmes d’une population qui avait pourtant été conditionnée des décennies durant pour cultiver et sublimer. Mais que de sang versé, d’innocents tués, que de charniers. Que de bêtise. Tout le monde se souvient de la phrase célèbre inscrite au fronton de la plus grande avenue d’Abidjan : « la paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement ». Etre imprégné de telles valeurs et voir où en est aujourd’hui la Côte d’Ivoire oblige à désespérer de l’homme tout simplement .Tout ce qui est arrivé dans ce pays est, au premier chef la faute des Ivoiriens eux-mêmes, qui n’ont pas su gérer leurs contradictions. Des Ivoiriens pourtant héritiers d’une sagesse multiséculaire.

La feu et le sang, voila où conduit l’intolérance et l’autisme des hommes politiques en général et de Gbagbo en particulier. Même s’il avait été le vainqueur, devant l’ampleur des dégâts subis par un peuple pour lequel il affirme avoir dédié sa vie, il aurait dû, par grandeur d’âme et même par clairvoyance s’incliner pour éviter à sa nation le sort qui est le sien aujourd’hui.
Il s’est battu, comme il l’avait juré, jusqu’au bout, mais au finish pour qui ? sinon que pour lui et davantage plus pour sortir de l’histoire que pour y entrer. Car à présent il y sera comme celui qui ayant succédé à Houphouët a fait verser le sang ivoirien. Il y sera aussi comme celui qui aura fait définitivement mourir un parti qui a incarné, un moment, l’espoir. Désormais l’histoire écrira que la guerre, impensable il y a peu, est possible sur les terres de la Basilique Notre Dame de la Paix. Le FPI sera en lambeau et livré à la vindicte qui frappe toujours les vaincus.

On peut toujours s’offusquer qu’une armée étrangère se soit introduite dans un palais africain pour en déloger un président, mais fallait-il laisser faire et laisser mourir, avec en prime la déstabilisation de toute une région, au nom des principes qui ont oublié de prendre en compte la vie des hommes. Gbagbo avait-il raison de rester sourd à la voix de l’Afrique et du monde ?

Aurait-il pu faire le bonheur du peuple en le massacrant ou voulait-il prouver à Simone son épouse, qui lui disait : « si tu laisses le pouvoir à Alassane c’est que tu n’es pas garçon », qu’il était un homme.

Quel désastre et quelle humiliation ! Ben Ali avait son Leila Trabelsi, Gbagbo vient de se créer sa Simone Gbagbo, elle qui disait ici même au Mali, que son homme gagnerait les élections sans même dire Inc’Allah. A présent ce n’est ni Blé Goudé encore moins Paul Yao N’Dré président du Conseil Constitutionnel qui pourront quelque chose pour lui. Mais, la leçon Gbagbo sera-t-elle entendue sur le continent ?

Arrêté par l’armée française, il se situera quelque entre le destin d’un Samuel Doe du Libéria et celui de Salvadore Allendé du Chili… Mais, fermez les yeux, tendez l’oreille et dites vous une seconde, si Laurent avait cédé en disant à son peuple : « je ne suis pas d’accord avec les résultats annoncés, j’ai été triché mais je m’incline au nom de la paix dans mon pays et de la quiétude de mes concitoyens. Dites à Alassane Ouattara qu’il me retrouvera sur son chemin dans cinq ans, aux prochaines élections. Dites lui aussi que je l’ai à l œil pour donner à ma patrie le bonheur qu’elle mérite ». Rouvrez les yeux et regardez la Côte d’Ivoire qu’il aura inventée.

S El Moctar Kounta

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