Edito : Fuite en avant !

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À l’initiative du  Président de la Transition, Chef de l’État, une  réunion extraordinaire du Conseil supérieur de la Défense nationale (CSDN) s’est tenue ce vendredi  O9 avril 2021 au Palais de Koulouba. Lors de cette  rencontre, le Ministre de la Santé et du Développement social ainsi que  le Comité scientifique ont présenté des communications sur l’évolution de la pandémie au cours des trois dernières semaines. Dont la tendance  de la propagation de la maladie dans notre pays est en hausse inquiétante  avec près du tiers de positivité des personnes testées !

Le Conseil de défense  se devait donc d’agir  afin  de pouvoir  rompre la chaine de contamination de ce virus.  D’où l’annonce de mesures fortes comme :  Procéder à une nouvelle distribution massive et gratuite de masques ; Veiller au respect scrupuleux du port obligatoire du masque facial en public ; Renforcer la communication sur le respect des mesures de prévention telles que le lavage des mains au savon ou l’utilisation du gel hydro alcoolique et la distanciation physique ; Veiller au respect strict de l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes ; Procéder à la fermeture de tous les lieux de loisirs pour la période allant du 10 au 25 avril inclus ; Suspendre toutes les festivités et autres manifestations pour une durée de 15 jours à compter du 9 avril 2021 ; Procéder à une campagne d’information et de sensibilisation, notamment à travers la Plateforme multi-acteurs de riposte à la Covid-19 sur le caractère vital de la vaccination ; Accélérer l’acquisition de nouvelles doses de vaccin et intensifier la campagne de vaccination.

 

Toutefois,  à l’instar  des précédentes,  nul doute  que ces dites  mesures fortes prises le vendredi dernier  vont demeurer  encore une  stratégie  d’effets d’annonce. Tant il est fort à parier que  les mêmes  autorités seront  incapables de les faire appliquer. Surtout lorsque l’on sait  que depuis l’apparition du Covid-19 au Mali, les marchés, les Transports en commun  et les lieux de culte ont toujours continué de fonctionner. Alors qu’ils  sont  en l’occurrence des sites qui  drainent quotidiennement des centaines voire des milliers de personnes.

 

Ces lieux fortement fréquentés  ne sont toujours pas, à l’instar des précédents conseils, explicitement cités dans les mesures édictées par ce Conseil de défense extraordinaire. Ils ne seront certainement pas pulvérisés  alors qu’ils vont continuer, comme s’il n’en est rien, d’être fréquentés par les populations. Comment, dans ces conditions, les autorités  pourraient interdire les rassemblements de plus de 50 personnes dans d’autres lieux ? Mais à partir du moment où il est indéniable que ce sont les marchés, les Transports en commun  et les lieux de culte  qui constituent  les principaux  foyers de  propagation du covid-19,  n’est-ce pas une  politique de  fuite en avant?

 

Une véritable politique de communication s’avère  donc  nécessaire pour  réellement rompre la chaine de contamination du Covid-19. Or visiblement, les autorités maliennes ont fait le choix délibéré  d’ignorer  la presse écrite dans leur stratégie  de communication. Quand bien même quelques rares medias audiovisuels privés sont timidement mis à contribution. C’est à  cause  donc  de ce  déficit criard de communication médiatique  professionnelle  (responsable)  que  la majorité  de la population malienne continue de ne  pas  croire à la maladie à coronavirus. Une  croyance  bien soutenue par l’influence des réseaux sociaux.

Par ce déni de réalité,  de nombreux  maliens  continuent et continueront  à vaquer à leurs occupations quotidiennes,  sans en tenir compte des mesures barrières édictées. Ceux qui croient en l’existence du coronavirus,  manquent crucialement  de moyens financiers pour acquérir les kits de protection. Alors que l’Etat du Mali est loin d’être en mesure de les en procurer suffisamment, notamment à  travers cette  nouvelle  distribution massive et gratuite de masques.

Gaoussou Madani Traoré

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