Le vent de contestation des lois électorales souffle sur des pays africains. Du Sénégal à Madagascar en passant par le Mali, l’opposition politique dénonce avec la plus grande énergie les décisions gouvernementales sur la question. Le hic c’est qu’elles constituent des obstacles visant l’opposition et c’est une réelle menace sur la démocratie. En effet, la question de 52.000 signatures de citoyens, le parrainage de députés ou de conseillers communaux dans les régions… mettent un frein à l’ambition de plusieurs candidatures. Si les gouvernements parlent d’une stratégie d’empêcher des candidatures ‘’fantaisistes’’, il ressort à la lecture rationnelle qui s’impose que cela semble être une stratégie pour les gouvernants de réduire le nombre de leurs adversaires à la course présidentielle.
Le climat tendu créé traduit la volonté des Présidents de ces pays d’avoir la main mise sur l’appareil d’Etat, torpiller les lois électorales à leur seul profit afin de s’éterniser au pouvoir, du moins leurs partis politiques.
Ce sont des pratiques de ce genre qui conduisent tout le temps à des violences parfois avant, pendant et après les élections. Les crises postélectorales sont les plus répandues. Elles paralysent le pays dans tous les secteurs et affaissent l’économie pour la simple raison que les bailleurs de fonds, partenaires techniques et financiers, se réservent d’investir lorsqu’un pays est à un degré d’instabilité assez élevé.
Le Mali se trouve aujourd’hui sous ce registre. Après avoir échappé au pire, suite au bras de fer entre le pouvoir et la plateforme AN TE A BANNA au sujet du projet de révision de la constitution, le fait que le Président de la République a été contraint de surseoir à la révision constitutionnelle semble ne pas leur servir de leçon. La première tentative de s’agripper au pouvoir pour un délai indéterminé avorté et vu l’échec garanti qui se pointe à l’horizon, ils veulent alors procéder à des approches malsaines aux conséquences fâcheuses. Même si le pays sera en ruine, ce n’est pas leur problème pourvu qu’ils se maintiennent au pouvoir.
La nouvelle loi électorale affrontera bientôt une bataille rude. Beaucoup de prétendants au poste de président s’y opposeront.
Mais elle peut aussi être source de défaite d’IBK car ceux-là qui ne répondront pas aux critères seront majoritaires. Ils décideront probablement, s’ils n’ont pas eu gain de cause suite aux protestations, d’adhérer à la cause de l’alternance à caractère de candidature Unique. Cette option est refusée, pour l’instant, par presque tous ceux qui se sont ouvertement annoncés prêts pour la course à la présidentielle car chacun au regard du climat défavorable à IBK pense que son heure est arrivée et qu’il peut facilement battre le président sortant candidat à sa propre succession.
C’est un couteau à double tranchant. Et à quelque chose malheur est bon. Peut-être que le régime se fera avaler par sa propre ruse à travers une défaite à la hauteur de la déception sur le terrain.
Boubacar Yalkoué