Edito : Formatage et refondation

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Le  mardi 18 août 2020, une junte militaire, regroupée  au sein du Comité National de Salut du Peuple (CNSP), a courageusement  mis fin au règne du président Ibrahim Boubacar Keïta. Leur action est certainement  l’épilogue d’une longue crise sociopolitique qui a opposé, depuis début juin, ce pouvoir  despotique, népotique  et « quasi sanguinaire »  à une grande majorité  de la population  incarnée par le Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP).  Un mouvement, c’est vrai hétéroclite, mais au sein duquel  de nombreux  maliens,  frustrés  de  voir  leur devenir  hypothéqué,  avaient  décidé d’y  adhérer  volontairement afin de se libérer.

Par ce geste  salutaire  mais  hautement  patriotique  de  parachèment   du combat   âprement  mené  par le M5,  ces jeunes officiers  supérieurs  de  l’armée  nationale  ont ouvert la voie à l’avènement   d’un « Mali  Coura »  (Nouveau Mali). Mais pour l’atteinte de cet  idéal, il faut  forcément,  non seulement, la  refondation  de  l’Etat  malien, malade  de  tout  son corps, mais  aussi  et  surtout  un formatage  préalable du  citoyen  malien. Lequel  doit  absolument  accepter  de se  soustraire  de toutes  ses  mauvaises habitudes  de corruption, népotisme, clientélisme  de  tout  bord, pour  revenir  aux valeurs  cardinales  de  dignité  humaine, dévouement, probité et de sagesse léguées par nos ancêtres.

Dans ce « Mali Coura », la notion du  bonheur, très relative,  ne doit plus être appréhendée  par le citoyen malien  comme   l’appât  du  gain facile pour l’acquisition de biens matériels.  Mais plutôt, celui-ci  doit comprendre que  sa seule source de satisfaction et  de bonheur  n’est autre  que le bon accomplissement  de  ses  devoirs  et  obligations  vis-à-vis de  sa nation et  sa communauté de destin.

Le malien nouveau  doit  ainsi accepter  d’être  façonné  que par  son  labeur incessant  et bien accompli. Ce qui  n’est possible  que  lorsque  les nouvelles autorités  maliennes  s’attèlent  à reconnaître  instamment  la valeur  intrinsèque  de  chaque  individu  afin  que  celui-ci  se reconnaisse   dans  cette  communauté nationale  de destin  afin de   mieux  la  servir.

Dans son premier communiqué, le CNSP a promis une transition  politique civile pour  conduire  le Mali vers une démocratie réelle. Nous  attendons  alors  impatiemment sa création tant les attentes des populations  maliennes  sont  grandes et diverses. Toutefois   l’une  des principales priorités nationales,  pour ne  pas  dire  la première  priorité  de la   refondation de la nation malienne, doit être   impérativement  la reconsitution  de son tissu social. Très entamé par la  mauvaise gouvernance du régime défunt.

Des communautés ethniques, naguère complices, s’affrontent actuellement : Songhoïs-Arabes/Touareg ; Bamanans-Peulhs ; Peulhs-Bozos.  Mais  la plus  virulente  des  affrontements  intercommunautaires  se passe hélas  entre Peulhs  et Dogons.  L’une des  premières tâches du CNSP  doit  donc  être  de redonner   illico  presto  aux différentes  communautés  nationales  tous  les moyens nécessaires  pour  le retour au vivre ensemble. En l’occurrence,  entre Dogons et Peulhs.

Ces deux communautés  n’ont-t-ils  pas   séculairement vécu  ensemble  dans  un  brassage culturel et  biologique harmonieux ?  Les nouvelles autorités doivent donc les aider impérativement  à se réconcilier. C’est primordial  pour  notre  pays  car,  le centre du pays  constituant  le  melting pot malien,    est une  zone  agropastorale  par excellence. Pour ne pas dire le nombril du pays. Il est donc  vital  pour le Mali !

Gaoussou Madani Traoré

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