Il y a d’un côté l’institution et de l’autre la personne. Evitons de les confondre, même s’il y a encore beaucoup de réflexes de primate dans ce pays. Le Vérificateur Général qui termine son mandat en avril 2011 anticipe, dans des propos reproduits hier par « l’Indépendant », que l’absence d’immunité après ses fonctions l’exposera à bien des règlements de compte.
Or, l’homme n’est pas la tasse de thé de tout le monde et c’est la culture de ce pays, son cercle d’amis ira en se rétrécissant. Questions donc : s’il ne peut être poursuivi pour les opinions émises au cours de ses missions, peut-il l’être après son mandat ? Pourrait-il être tenu individuellement responsable d’un acte posé en tant que Vérificateur Général? De la réponse à ces questions dépendent la viabilité de son Bureau et de la qualité de sa succession.
Mais ce n’est pas tout. La loi qui institue le Vérificateur Général assure la sécurité de celui-ci dans l’exercice de ses fonctions mais pas après. Pourtant, l’enjeu du poste n’échappe à personne dans un pays où la corruption n’est pas un accident. La République doit corriger cette faiblesse. Elle ne le fera pas pour Sidi Sosso Diarra mais pour la cohérence et la cohésion. Elle donnerait, ce faisant, plus de poids et plus d’attrait à une institution que nous n’avons pas eu tort de créer.
A moins que le Bureau du Vérificateur général ne soit déjà sacrifié sur l’autel de la future Cour des Comptes. Une tragédie, le cas échéant puisque ce Bureau peut bien remplir les missions demandées par le traité de l’Uemoa et assignées à la Cour des Comptes. Là-dessus, notre position est de compromis pour éviter une prolifération inefficiente des corps de contrôle et capitaliser l’expérience que le Bureau du Vérificateur a déjà.
Certification des comptes, audits de performance et de régularité, préconisation, publicité des rapports, voici les missions de la Cour des Comptes. Si le Vérificateur Général y ajoutait la certification des comptes, alors notre pays serait en règle avec l’Uemoa. Resteront deux questions. Celle du profil et du staffing d’abord: là, l’Etat prend ses responsabilités. Ensuite celle du contrôle juridictionnel : elle est battue en brèche par les multiples rapports de Cours des Comptes restant dans les tiroirs. Et encore plus par l’exemple du Vérificateur du Rwanda dont chaque rapport fait tomber des têtes sans que les membres de ce bureau soient des magistrats.
Adam Thiam