Le collège électoral pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale du Mali a finalement été convoqué le mercredi 22 janvier 2020 lors du traditionnel conseil des ministres. Cette fois-ci, l’hémicycle sera renouvelé après plus de deux ans de prorogation du mandat des députés. En plus de la date de convocation, un calendrier bien détaillé est disponible. Il prévoit la date limite de dépôt des candidatures pour le 13 février, suivi de la proclamation des listes provisoires de candidature le 27 du même mois. La date d’ouverture de la campagne pour le premier tour est fixée au 8 mars et celle de la clôture au 27 mars. Le premier tour du scrutin législatif aura lieu le 29 mars. Comme le prévoit la Constitution, un second tour sera organisé dans toutes les circonscriptions où aucune liste n’a obtenu la majorité absolue des suffrages. Ainsi, la campagne pour le second tour sera ouverte dès le lendemain de la proclamation des résultats du premier tour et ne fermera que le 17 avril 2020 afin de tenir le second tour le 19 du même mois. Les députés fraichement élus se présenteront à l’hémicycle le 02 mai 2020 pour une nouvelle mandature de cinq ans. Ainsi prendra fin le long feuilleton politico-judiciaire des élus de la Nationale qui frôlent déjà les sept ans à leurs sièges alors que la Constitution ne leur a accordé que cinq ans.
Les députés sortants sont désormais sur le qui-vive et tout porte à croire qu’ils ne seront pas très nombreux à avoir encore la confiance de leurs électeurs, car le bilan du « septennat » est largement en déça des attentes de la grande majorité des citoyens. Ceux qui seront réélus sont ceux qui ont été au plus près de leurs électeurs et qui ont joué pleinement leurs rôles de contrôle des actions gouvernementales et de vote des lois en faveur des populations. Les recalés seront ceux qui n’ont pas été à hauteur de mission et qui ne sont plus dignes de confiance pour aller parler au nom des maliens. N’est-il pas temps que l’Assemblée Nationale du Mali, ce haut lieu de l’expression démocratique et diverse, sorte de l’emprise des opérateurs économiques, dont le souci premier est d’avoir des exonérations et autres avantages fiscaux pour faire prospérer leurs affaires ? Sous d’autres tropiques, l’Assemblée Nationale est le meilleur cadre de débats de confrontations d’idées au grand bonheur du peuple. Elle est le temple de l’expression plurielle et contradictoire. Le cas du Mali donne à réfléchir car la majorité des députés ne sont pas élus sur la base de leurs idées ou programmes de leurs partis, mais en fonction de l’argent qu’ils débourseront pour obtenir des voix.
Pour rappel, les statistiques ont prouvé que l’hémicycle du Mali est composé à plus de 70 % d’opérateurs économiques et que 60 % de ce taux sont soit des semi-lettrés ou des illettrés. Ces opérateurs économiques sont plus enclins à défendre leurs intérêts sordides que ceux de leurs mandants. Il y a une autre catégorie de députés qui siège dans l’hémicycle, il s’agit de ceux qui s’inscrivent dans plusieurs commissions de travail afin de bénéficier des avantages, mais jamais pour être efficaces et servir avec brio leurs électeurs.
En somme, les électeurs maliens ont encore une occasion historique afin de sanctionner les députés véreux, reconduire les meilleurs et propulser au-devant de la scène des cadres compétents, intègres et engagés pour la cause de la patrie. Ils sont rares mais il y en a !
Youssouf Sissoko