Édito : embellie et péril

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Sidi Mohamed Ag Ichrach a foulé le sol de Kidal. Le gouverneur, en tenue officielle, a pris contact avec la circonscription administrative de son ressort et, pourrait-on dire, l’Adrar des Ifoghas a réintégré la République. Le chemin parcouru a été long, semé d’embûches. Inutile de revenir sur toutes les déconvenues qui ont marqué les relations entre la région rebelle et l’Etat central, sur cette volonté farouche de faire admettre, coûte que coûte, l’existence d’une entité étatique au sein de la République, avec ses attributs de souveraineté, dont le drapeau.  Depuis mercredi 23 août, le Président de la République et, avec lui, l’ensemble du peuple malien peuvent éprouver un légitime sentiment de soulagement, tant les risques de partition du pays donnaient des sueurs froides à plus d’un patriote.

Cependant, la vigilance reste de mise pour plus d’une raison. Certes, progressivement, les dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger se concrétisent. Mais cela s’effectue sur un fond de délitement de l’autorité de l’Etat. Le document a retenu et imposé, comme décision, une décentralisation poussée. Nous y sommes allés, procédant à l’émergence de deux nouvelles régions : Ménaka et Taoudéni. Dans les cinq régions du Nord, les autorités intérimaires ont été installées. Mais, à l’examen, à travers ces actes, existe-t-il réellement une différence entre une décentralisation poussée et une autonomie ? Tout se passe comme si nous avions décentralisé sans tenir compte d’un certain nombre de facteurs dont, en particulier, le degré de nationalisme des actuels bénéficiaires de la « décentralisation poussée », bénéficiaires qui sont plus les potentats régionaux soucieux de préserver leurs prérogatives que les populations.

Avec le retour du gouverneur à Kidal, les risques de séparatisme se trouvent écartés, mais ceux de l’effritement de l’autorité de l’Etat restent manifestes. De cela, il sera question dans notre prochaine livraison de reprise de congé. En attendant, bonne fête à tous.

LA REDACTION

 

 

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