Edito : Eloigner le spectre de l’autre Guinée

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Comme un serpent de mer, la liste des suspects de l’attentat manqué contre le miraculé Alpha Condé s’étire et amène la  Guinée à un tournant critique de son projet de démocratisation. Critique parce que la pédagogie nécessite de dissuader la réédition des événements de la nuit du mardi, lesquels ne  constituent ni plus ni moins qu’une tentative de putsch. 

Pour cette raison et parce que l’Afrique moderne ne doit plus accepter que l’urne comme moyen d’accéder au pouvoir, toutes les responsabilités dans lesdits événements doivent être situées. Qu’il s’agisse de celle de militaires, dans un pays où le putsch fut la règle et l’élection l’exception ou de politiques cherchant le pouvoir par l’assassinat. A cet égard, quel tristesse pour la démocratie si Ba Oury dont le domicile à Conakry a été saccagé hier, est impliqué dans la forfaiture qui a été condamnée de la manière la plus ferme en Guinée comme au sein de la communauté internationale !  Quel dommage pour le capital social de la Guinée dont les communautés divisées par l’élection passée doivent se mobiliser ensemble pour le rayonnement possible de leur pays ! Mais la pédagogie de la démocratie, c’est aussi le respect des droits constitutionnels et de la présomption d’innocence. Ce tournant ne peut être raté impunément.  Avec une égale fermeté, il faut  bannir la Guinée de la complotite et des purges, des intrigues et des pogroms.  Il faut bannir les méthodes de l’autre Guinée : celle qui a plus que payé,  de son formidable potentiel économique inexploité, de la misère de ses majorités et de son sang. C’est tout le sens de la transition  grâce à laquelle Condé préside aujourd’hui aux destinées de son pays. Si cette transition fut heurtée, elle fut refondatrice, saluée de partout et menée à terme par une équipe qui a accepté le sacrifice pour que ce jour soit.
Adam Thiam

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