Il a eu le bon réflexe de nommer une femme chef de gouvernement pour la première fois dans l’histoire moderne du pays. Mais si Mariam Kaidama Cissé se montrait la moins compétente des Premiers ministres jusque là recrutés, alors le président aurait paradoxalement desservi les femmes au lieu de les valoriser si tel était son projet. Or en poste depuis trente jours, Mme Cissé n’a pas encore présenté sa Déclaration de Politique Générale.
Or le temps fuit et son grand oral conditionne le chantier des réformes auxquelles, nous nous sommes laissé dire, ATT tient toujours. Ensuite, la communication du chef de gouvernement doit se départir de la langue de bois en ces moments où la diligence et le parler-vrai permettent de purger les problèmes plutôt que de les suspendre et de courir le risque désagréable de les voir revenir par la porte et tous ensemble ; enfin et ce n’est pas sa faute, le Premier ministre, à peine nommé, collectionne déjà les mémorandums de manifestants : aujourd’hui les étudiants en grogne, hier les anti-Amo et on ne l’a pas entendue sur les doléances formulées.
A quelques encablures de la fin du mandat présidentiel cependant, la capacité du gouvernement à nouer et ou poursuivre le dialogue social est un indicateur d’efficacité avec lequel on ne peut tricher. Tout comme, on ne peut tricher avec l’extrême gravité de la situation syndicale avec la zizanie régnant entre les deux centrales notamment, et accessoirement avec les délégués de la police qui mettent les pieds dans le plat et désavouent Siaka Diakité de l’Untm de manière cinglante. Pour l’école, un volcan qui semble s’être réveillé, le dialogue s’impose également et le fait que les étudiants recourent au chef de gouvernement indique la confiance qui règne entre eux et leurs ministres de tutelle pourtant triomphalement reconduits dans leurs fonctions le mois dernier.
Suite, sans doute, à une évaluation positive qui n’a pas pu être faite par Mariam Kaidama Cissé. Mais elle est désormais à la manœuvre, elle ne peut pas faire semblant et elle se doit de prendre l’exacte mesure du temps qu’elle a pour s’attaquer aux défis. Le sens de l’urgence : on ne peut reprocher à notre chef de la diplomatie d’en manquer. Alger, Nouakchott, plus le dialogue à Bamako avec les partenaires : chapeau! Mais Soumeylou Boubèye Maiga le sait bien : plus que de rassurer les partenaires du Mali, il s’agit d’assurer les Maliens. Et à cet égard, Aqmi et le narcotrafic se combattent ailleurs qu’aux Affaires étrangères. La vision n’est pas en cause. Et la visibilité est sauve. Mais la crédibilité doit suivre.
Adam Thiam