Son remplaçant sénégalais n’était pas à Bamako le weekend dernier que pour prendre les bénédictions du président malien. Il tenait aussi à saluer publiquement Soumaïla Cissé pour son bilan à la tête de l’Uemoa jugé excellent. Personne avant le Malien n’était allé aussi loin dans la mise en œuvre des politiques sectorielles, dit-on dans l’entourage du nouveau président qui considère lui-même la succession de Cissé comme un pari difficile.
Naturellement le timing de la visite de Soumaré ainsi que ses propos flatteurs -dont on doit normalement être fier qu’ils soient adressés à un compatriote- veulent dire qu’il n’y a pas d’affaire Soumaila Cissé à l’Uemoa. Contrairement à ce qu’en ont dit des confrères sénégalais et malien ? L’ancien Premier ministre de Wade ne l’a pas dit de manière aussi explicite. Mais il est évident qu’à peine installé, il éviterait de prendre des risques pour un prédécesseur qui sent le soufre, si proche soit ce dernier de l’avenue Roume.
Lavé donc Soumaila Cissé ? Seul un démenti de l’Afd l’agence dont il est supposé avoir carotté les fonds tient lieu de pièce à conviction. Encore qu’il faut que l’accusation soit officielle, donc émanant de l’agence elle-même, du bénéficiaire grugé ou de l’Uemoa elle-même dont la crédibilité est engagée. Or le procès Cissé jusque-là n’émanait même pas d’une interview accordée à un témoin de première main.
Autres temps, mêmes mœurs : la précampagne donnera lieu à beaucoup de déballages contre lesquels même le candidat de l’Urd qui en a entendu des vertes et des pas mûres en 2002 n’est complètement vacciné. Pourtant, la compétition qui est toujours signe de vitalité peut se faire dans la civilité et dans la convivialité. La bataille pour la morale est saine en démocratie mais elle doit tenir compte de l’honneur de chacun. Car si le Mali doit être au dessus de tous, la dignité des candidats est au dessus de tout. Nous devons la préserver. Et nous pouvons la préserver.
Adam Thiam