EDITO : Donnons un sens à notre charité !

7
Moustapha Diawara - pardonnons - avance - marasme
Moustapha Diawara

On l’a dit et continuons de le dire, notre pays est une nation historique de par sa culture de partage et de la pitié.

‘’C’est au Mali qu’on mange, dort, se loge sans aucun frais’’.

Cette assertion est-elle encore une réalité ? Vieille assertion mais pas vérité d’aujourd’hui.

On a tendance à se vanter  auprès des occidentaux pour dire que le social est sacré chez nous. Mais force est de reconnaître que la bienfaisance a perdu tout son sens sous nos cieux. En la matière, les occidentaux nous font manger et nous donnent chaque jour une leçon de vie.

A titre d’exemple, le dernier super gagnant  à «  l’Euro-Millions » en France,  un quinquagénaire ayant empoché plus de 72 Millions d’Euros, a décidé de léguer les deux tiers de son gain (tenez vous bien 50 Millions d’euros) à des associations caritatives. Et dans l’anonymat total.

Un journal français s’est amusé à matérialiser cette donation en don. Ainsi, il ressort que l’enveloppe allouée par  cet illustre inconnu français peut permettre à 1 750 000 enfants d’être vaccinés contre 11 maladies par Médecins Sans frontières. Ou permettre à l’Unicef de nourrir, éduquer  et soigner  415 000 enfants pendant un an…

La morale dans cette histoire est l’anonymat qui la caractérise.

Pourtant, dans le domaine de la solidarité, de l’humanitaire et de la bienfaisance, ce sont les premières-dames (épouses des chefs d’Etat) qui ravissent la vedette. Elles ont chacune leur fondation caritative, mais ne se prive point d’avoir un service de communication particulier.

Dans notre pays, ceux qui ont de l’argent  souffrent d’un grippe-sou. Le peu d’entre eux  qui se rend utile à la société préfère agir sous la lumière. Et en donnent à des gens qui pourront en parler un  jour : griots, animateurs de radio, journalistes…

La seconde catégorie des donateurs, les plus riches car relevant du secteur des opérateurs économiques (commerçants de Bazin…), opère dans le religieux. Ils se plaisent à entendre leur nom, chaque vendredi, quand la mosquée est remplie de fidèles.

Au Mali, la générosité est rarement gratuite.

Pourtant les trois versets de la sourate « Al Asri » révélés à la Mecque sont sans appel : «  1°) je prends le siècle à témoin que les hommes courent à leur perte ; 2°) Sauf ceux qui croient, pratiquent les bonnes œuvres et se recommandent mutuellement la droiture ; 3°) Et se recommandent mutuellement la patience ».

Il sied donc à nos donateurs de donner un sens à leur charité, sinon les actions de « trompe-l’œil » n’ont aucune retombée positive.

Moustapha Diawara

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. Aidons les personnes en situation difficile a tout moment et non seulement pendant le mois de carême comme la majorité le font au Mali.Ensemble nous pouvons.

  2. Vous avez frappé en plein dans une tare essentielle qui nous caractérise au Mali et qui a fait dire à un jeune imam très avisé: ” Ceux que nous taxons de cafres, sont mûs par des comportements de musulmans; et nous qui nous revêtons de l’habit du musulman, sommes pétris de comportements de cafre.” Alors, qui est le cafre et qui est le musulman? Je doute que ce soit les tartuffes!

  3. Comme je le dis tout le temps article bien élaboré et surtout concis. Personnellement, c’est ton impartialité qui me touche. A priori, après analyse, on constate que tu n’écris pas sous pression, et cela est très important, le métier le demande. Je te réitère mes encouragements. Que fasse en sorte que chaque jour qui passe que tu sois davantage inspiré. Bon vent M. DIAWARA

  4. Bravo et Vivement de tels articles courageux!
    L´une des premières solutions de la CRISE DU MALIBA est
    Que MALIBA reconnaisse d´abord ses propres MÉDIOCRITÉS SOCIALES ET SOCIÉTALES!
    Elles sont là partout: à l´ecole , comme au ministère , à la mosquée, chez les Griots commes chez leurs maître d´ailleurs griotisés en grande partie par
    l´odeurs du gain malpropre, dans nos moeurs denaturés et sans noms, dans notre mimetisme comportemental, dans notre oubli et notre ingnorance de notre propre passé, dans notre mégalomanie verbale et notre fausse fierté, etc.
    A vrai dire si le Mali était une valeur boursiere á ce jour , personne n´en aurait voulu!
    Mais le pire, c´est que nous en faisons un tabou et courons tête basse dans le mur du futur.
    Fasse Dieu qu´on se réveille avant qu´il soit tard!

  5. Tres bon article. Et j’ajouterais a cet ecrit bien inspire que toute notre paresse et notre lachete ont leur source justement dans cette partie qui etait auparavant une source de gloire, mais objet de honte de nos jours:”C’est au Mali qu’on mange, dort, se loge sans aucun frais” 😯 .
    Nous sommes en train de survivre justement grace a CEUX CHEZ QUI ON NE MANGE PAS, NE DORT PAS, SE LOGE PAS SANS AUCUN FRAIS. Tant que l’on ne verra pas cette VERITE d’une simplicite effarante, on restera longtemps a la traine. 🙁

    • Gros malinké, reconnais que pour une fois le gros maraka t’as battu sur ton propre terrain et commences a éduquer nos concitoyens pour un futur Mali qui gagne! Pour le moment, nous sommes perdants sur toute la ligne 😆 😆 😆

Comments are closed.