Afin d’obtenir plus d’inclusivité, le Gouvernement de la Transition a adopté en Conseil des ministres extraordinaire du 4 février 2022, le projet de loi portant révision de la Charte de la Transition du 12 septembre 2020. Cette loi, si elle obtient l’aval du CNT, permettra de l’élargir pour atteindre 147 membres. Par cette ultime ouverture, on pourrait espérer l’arrivée en son sein d’un grand nombre d’acteurs politiques opposés à la Transition en cours. Idem, pour le Gouvernement dont la révision de la Charte de la Transition permettra l’augmentation de ses membres. Mais cette opportunité politique semble n’avoir pas l’heur de plaire aux opposants de la Transition.
Ainsi la perspective de révision de la Charte de la Transition pour l’élargissement du nombre des membres du CNT, au lieu d’apaiser, rend le débat politique au Mali de plus en plus houleux. Ce débat est même en train de se focaliser entre les pros et anti-Transition. Évoluant comme deux plaques tectoniques en mouvement qui se rapprochent dangereusement, le pire est à craindre entre les deux camps adverses. Plus que jamais, une collision tectonique entre les deux plaques est beaucoup à craindre. Mais les acteurs politiques de l’opposition iront-ils jusqu’à franchir le rubicon pour battre le pavé, au risque d’affronter le camp adverse ? Où vont-ils savoir raison garder, en acceptant de faire un ultime compromis avec les Autorités pour l’intérêt supérieur de la nation ?
S’il est difficile de répondre à ces interrogations, une chose est cependant certaine : des signaux de mauvais augures subsistent. D’autant que l’opportunité politique d’élargissement du CNT comme celui du Gouvernement semble n’avoir pas l’heur de plaire aux opposants de la Transition. Ces derniers, regroupés autour de la Plateforme dénommée « Cadre des partis politiques pour une Transition réussie », se radicalisent et s’obstinent pour un retour rapide (pour ne pas dire immédiat) à l’ordre constitutionnel.
Ils sont nombreux à défendre, sur les médias nationaux et internationaux, la justesse des lourdes sanctions imposées à leur pays par la CEDEAO, L’UMOEA, l’UA, la France et l’ensemble de la Communauté dite Internationale (mais composée essentiellement de pays occidentaux). Tout comme ils s’en réjouissent et espèrent que ces sanctions permettront de déstabiliser, en leur faveur, les Autorités de la Transition. Lesquelles seraient contraintes d’organiser dans un délai bref des élections générales.
A ce train, il devient hélas difficile de concilier la position des deux camps antagonistes. Tant les anti-Transitions ne cessent de dénoncer la prochaine révision de la Charte de la Transition, qu’ils considèrent comme « une volonté de s’accaparer du pouvoir ». Ils exigent une nouvelle architecture de la Transition. Ils tranchent que celle encours doit s’achever le 27 février prochain. En lieu et place, ils proposeront la formation d’un nouveau Gouvernement, qui sera dirigé par « un Premier ministre neutre », et un nouveau CNT. Le point d’orgue de leur activité politique, sera la non-reconnaissance des Autorités actuelles, à compter du 25 mars prochain. Une date buttoir de tous les dangers !
Toutefois, ne faut-il pas mettre un bémol à cette crainte! D’autant que, jusqu’à preuve du contraire, les acteurs politiques maliens opposés à la Transition, bien que provenant d’une grande quantité de partis politiques, et leurs sympathisants, n’ont jamais été capables de mobiliser les masses pour défendre leur cause. Mais, aidés par la Communauté dite internationale, il ne faudra tout de même pas négliger leur capacité de nuisance.
Qu’Allah sauve le Mali !
Gaoussou Madani Traoré