Ils étaient huit candidats. Ils n’avaient pas le même coefficient ni forcément les mêmes motivations. Le comité d’investiture a tranché et après Alpha Oumar Konaré en 1992 et Soumaila Cissé en 2002, c’est Dioncounda Traoré qui portera les couleurs de l’Adema à la présidentielle de 2012. Le plus difficile n’était pas l’adoubement de celui-ci, on le sait. Président du parti et de l’Assemblée nationale, le mathématicien s’était montré trop serein et optimiste pour être surpris.
D’ailleurs, malgré la force des courants qui le traversent, le navire Adema, sait quand il le faut, signifier qu’il a un équipage et qu’il peut se donner un cap. Les défis pour ce parti et son candidat sont autres. C’est d’abord, que plus tard, dans le feu de l’action, les Abeilles évitent de se comporter en bureau des objets perdus où chaque réclamation l’ampute d’un pan de son électorat.
Ce qui transformerait la présidentielle en course d’obstacles pour son candidat. Ensuite, si légitimité historique ou ses capacités intellectuelles ne posent pas problème, Dioncounda Traoré a des faiblesses à corriger. Par calcul ou par nature, il n’a, jusque-là, pas montré la chaleur et l’enthousiasme contagieux des candidats Alpha Omar Konaré et Amadou Toumani Touré. Il ne croisera pas le fer contre ceux-ci, mais il aura Ibk sur son chemin.
Or si le Rpm a perdu de son embonpoint, IBK , lui, garde son charme. Les deux ont plus ou moins le même parcours institutionnel -sauf que Dioncounda Traoré n’a pas été Premier ministre et Ibk ministre de la Défense ; ils se font de gros câlins quand ils se rencontrent mais il est dans l’ordre du possible qu’ils se retrouvent face à face au débat télévisé des finalistes.
Il y a également que le candidat de l’Adema doit convaincre qu’il n’est pas seulement là parce que ses camarades l’ont voulu, lui qui a souvent été du bon côté de l’histoire très tumultueuse de son parti. Il lui faut montrer qu’il est là parce que volontaire, porteur de projet, capable et déterminé et non par d’heureux concours de circonstances. L’enthousiasme comme l’argumentaire, il est vrai, pourraient être facilement au rendez-vous car, une fois investi, il sera porté par la dynamique de sa propre candidature.
Mais son parti n’est plus le mastodonte d’antan quoique majoritaire dans le pays. Dioncounda aura donc besoin d’argent, de beaucoup d’argent pour aller de Bagadadji à Koulouba, et sur ce plan, il n’est pas le candidat le plus prêt. Sur le papier, les équations même à multiples inconnues n’ont pas de secret pour lui. Mais on verra si, à la pratique, Nara sera la pépinière de présidents qui donnera au Mali Dioncounda Traoré après Modibo Keita.
Adam Thiam