Édito – Darfour : Le pouvoir soudanais sourd aux pressions internationales

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Lacine Diawara
Lacine Diawara

C’est devant les casques bleus que le Soudan a été divisé. Attention pour le Mali(NDLR).  Tanguy Berthemet

George W. Bush a décidé de nommer un envoyé spécial pour le Darfour, a annoncé hier un responsable de l’Administration sous couvert d’anonymat. Le président américain devrait en faire l’annonce aujourd’hui au cours de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

Le pouvoir soudanais reste insensible aux pressions. Alors que les appels se multiplient en faveur d’une intervention d’une force internationale au Darfour, le président Omar al-Bachir se refuse à lever son veto à ce qu’il prétend être «une ingérence». Un bras de fer entamé il y a près de trois semaines avec le vote par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement de 20 000 Casques bleus dans cette province de l’ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis 2003.

Plusieurs pays ont choisi de durcir le ton. Dimanche, Tony Blair a exigé de l’Union européenne «une plus grande implication». Vendredi, c’était George Bush qui réclamait «une action plus vigoureuse» de l’ONU.

Risque de catastrophe sanitaire

Hier, Jacques Chirac a promis de lancer un «appel solennel» au président soudanais pour qu’il accepte les soldats de la paix. Mais la déclaration la plus étonnante est venue de Kofi Annan : «La communauté internationale peut-elle, alors qu’elle n’en a pas fait assez au Rwanda quand il le fallait, regarder cette crise sans rien faire ? Le temps n’est plus aux demi-mesures.»

En demandant à l’ONU de passer outre les réticences de Khartoum, le secrétaire général a peu de chances d’être entendu. Pour ce faire, il faudrait au moins une unanimité au Conseil de sécurité. Or, ni la Russie ni la Chine n’ont voté la résolution sur l’envoi de Casques bleus. Pékin, premier acheteur de pétrole soudanais, n’entend pas se brouiller avec un pays dont la production est en augmentation exponentielle.

Pour contourner cet obstacle, les pays occidentaux comptent sur les forces de l’Union africaine (UA). Quelque 7 000 Casques blancs sont déjà au Darfour. Mais faute de moyens, cette mission s’est montrée incapable d’enrayer la crise. Hier soir, l’UA devait faire un choix délicat entre maintenir ses troupes, dont le mandat prend fin le 30 septembre, ou repousser cette échéance. «Le maintien des troupes africaines avec un important soutien en matériel et en fonds de la part des bailleurs est l’issue la plus simple a court terme», assurait un diplomate. Une solution de compromis à laquelle Khartoum ne semble plus devoir s’opposer. Hier, le vice-président soudanais, Ali Osmane Taha, a même appelé l’UA à ne pas rapatrier ses troupes.

Les organisations humanitaires agitent le risque d’une nouvelle crise majeure dans cette guerre qui a déjà causé la mort de 200 000 personnes et poussé 2 millions d’autres à l’exil. Selon elles, la situation sanitaire et sécuritaire des civils s’est considérablement détériorée. Tous redoutent une intensification des combats entre des factions armées plus rivales que jamais.

Lancine DIAWARA

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