Edito : Da Monzon contre Touramakan

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A la tête d’un parti et d’une communication plutôt conciliante, Bougader Traoré est candidat à la présidentielle de 2012. Cheick Modibo Diarra, l’un des scientifiques maliens les plus connus au monde,  vient de lancer son parti et, sauf cataclysme, il sera, lui aussi, de la course.

Ainsi,  par le fils -qui invoque plus son droit constitutionnel que sa filiation-et le beau-fils -qui  a déjà donné la preuve qu’il défendra,  bec et ongles, le bilan de famille-, le Général Moussa Traoré devra  bientôt dire adieu à sa retraite paisible et consacrée à la lecture du coran. Après vingt trois ans de pouvoir qui lui ont enseigné la psychologie locale et surtout en raison d’une histoire récente qui n’a pas été purgée, l’ancien président évitera de descendre directement dans l’arène. Mais son ombre hantera chaque déplacement et chaque propos des deux candidats.

 Ce pays est primaire et  il prendra immanquablement les deux outsiders pour  les fondés de pouvoir d’une double décennie sur laquelle des acteurs de mars 1991 cherchent à faire l’impasse, il est vrai, devant un petit peuple incrédule, peut-être un peu amnésique et  admiratif de Moussa Traoré. Mais dans une proportion importante, l’électorat ne connaît pas le Général car composé de jeunes dont certains aînés sont tombés sous les balles de la répression en 1991.

Depuis, l’armée a présenté ses excuses au pays mais très curieusement, Moussa Traoré est resté accroché à la théorie de sa déstabilisation par la France. Sous entendu : les martyrs étaient des chairs à canon. Or, il y a un problème moral insoutenable à cet argument : les chairs étaient maliennes et les canons pas français, l’hécatombe n’était donc aucunement justifiable. Quelles que soient leurs qualités intrinsèques, Bougader Traoré et Cheikh Modibo Diarra traîneront cette limite.

Autre boulet aux chevilles de la famille Traoré, ses deux représentants ne se complètent pas. Au pire, ils se combattent, au mieux, ils divisent l’électorat. Cheick Modibo Diarra, par l’attrait qu’il exerce sur la jeunesse étudiante peut escompter de nouvelles recrues. Et Bougader Traoré que les gens trouvent sympa pourra aussi glaner des voix propres à lui. Mais pour être à Koulouba, tous deux dépendent largement des réseaux personnels de Moussa Traoré, de ce qui reste de l’ancienne Udpm et de la mobilisation du Mpr. Or la principale victime collatérale du désordre familial, c’est bien le parti du Tigre. Choguel Maïga ne nous démentira pas, lui l’admirable gardien du temple que l’Adn ne doit pas multiplier par zéro.

Adam Thiam

 

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