Dans sa correspondance du vendredi 06 mai, adressée au Gouvernement de la Transition, le Secrétaire Général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) ne va pas avec le dos de la cuillère. Car Yacouba Katilé charge sans complaisance le Gouvernement du PM Choguel et avertit que son organisation syndicale n’est pas en léthargie. Par conséquent, elle pourrait faire bouillir à nouveau le Front social si certaines promesses ne sont pas tenues. Mais que reproche l’UNTM au Gouvernement de Transition ?
Si l’on se réfère à cette correspondance du Secrétaire général de l’UNTM, on peut noter, entre autres : La non résolution des problèmes des compressés et des retraités par anticipation ; la non « relecture du Décret n° 2011-051/P-RM du 10 Février 2011 », fixant les conditions d’emploi du personnel de l’Administration relevant du Code du Travail ; le non rétablissement dans leurs droits des responsables syndicaux licenciés soit pour fait de grève, soit sous le prétexte de la COVID-19 (SYAMA, BRAMALI et bien d’autres services… ; le manque de révision des Codes portant création des Bureaux de Placement Privé (BPP) qui exploitent, selon l’UNTM, des milliers de jeunes travailleurs maliens….Toutefois, à l’évidence, il ressort que les revendications corporatistes sont loin d’être actuellement la principale pomme de discorde entre le Gouvernement de Transition et la principale centrale syndicale du Mali. Alors pourquoi donc ce soudain regain de tension entre les deux partenaires sociaux ?
Il est à rappeler que l’UNTM fut l’un des acteurs majeurs du mouvement démocratique qui a renversé, en mars 1991, le régime dictatorial du président Moussa Traoré. N’est-ce pas la raison évidente qui a amené l’UNTM d’accuser ouvertement Choguel de négationniste ? De toute façon, Katilé prévient le PM dans son communiqué : « La ligne rouge est la tentative de prolifération du négationnisme de la Révolution démocratique du 26 Mars 1991 ». Mais est-ce alors à comprendre que l’l’UNTM va reprendre sa posture politique ?
Ce qui est une réalité, dans sa correspondance adressée au PM, la Centrale Syndicale a ouvertement menacé Choguel en ces termes : « Le syndicalisme peut entrer dans le jeu politique national. Toutes les Conventions et Résolutions le consacrent. Donc faites attention ! Ne répètes plus cela !». Ce coup de semonce doit faire réfléchir plus d’une fois le PM. Lequel devra désormais savoir raison garder afin de ne pas davantage irriter les militants de la principale Centrale des Travailleurs maliens. Comme il devra plus que jamais mesurer ses propos mais aussi et surtout contrôler ses faits et gestes à l’endroit du « Mouvement démocratique ». Au risque d’être en face d’une nouvelle ébullition du Front Social.
De toute façon, Choguel a tout intérêt d’éviter d’être, à la fois, la principale cible de l’UNTM et du « Mouvement démocratique ». La conjugaison de ces deux forces sociopolitiques pourrait attiser le Front Social afin qu’il bouille à nouveau. Et si cela arrivait à perdurer, le PM aurait toutes les chances d’être démis de son poste. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que la Centrale Syndicale, pour le moment, ne reproche quasiment rien à son Patron : le président de la Transition.
D’ailleurs, c’est un secret de polichinelle : Assimi Goïta jouit actuellement du soutien de l’UNTM. Laquelle prétend que « le peuple se reconnait en lui». Et que c’est au nom de cette réalité que de nouvelles revendications n’ont pas été déposées, jusque-là, sur la table du gouvernement. Alors Choguel, ne dit-on pas qu’un homme averti en vaut deux ?
A bon entendeur, salut !
Gaoussou Madani Traoré