Edito / Contre les morgues à ciel ouvert

0

Rien de nouveau ne peut être écrit les accidents de la route dans notre pays. Ils ont déjà fait tant d’orphelins et de veuves et ces dernières semaines nous ont donné des soucis supplémentaires indiquant que le fléau est loin et très loin d’être jugulé même si les statistiques de la saint-sylvestre passée poussent à l’optimisme. Rappel : le Républicain qui avait appelé à zéro accident ce jour s’était, en effet, réjoui de constater que les chiffres donnés alors par les urgences des hôpitaux de la capitale étaient les plus bas depuis longtemps.

Preuve que la vigilance maintenue peut sauver des vies. A l’entame de ce mois de Ramadan, nous rééditons l’alerte et souhaitons qu’il y ait moins de corps inertes et de sang sur nos routes. C’est faisable et ce doit être fait. Car, même sans la force probante des statistiques, il est possible que ce mois sacré dispute le triste record des accidents de route aux veilles de nouvel an. La part de péché individuel que comporte le fait de blesser ou tuer par imprudence ou par mépris de son prochain n’est plus un garde-fou suffisant, nous le savons bien, en ces temps où l’incivisme devient la règle. C’est à l’Etat de protéger ses citoyens contre la chienlit absolument contagieuse que veulent ses mauvaises graines.

Mais, loin du spectacle et de la velléité, nous invoquons ici un Etat fort et juste, qui ne peut pas avoir d’autorité s’il n’a pas de crédibilité, qui s’évalue sans complaisance, qui corrige sa marche au fur et à mesure, qui fait ce qu’il dit et qui fait dire ce qu’il fait. Dans cette optique, il est peut-être temps qu’un bilan national soit dressé, le plus objectivement du monde, de l’important et coûteux mais nécessaire programme de sécurité routière en cours. Il est temps de tirer les enseignements des activités de sensibilisation. Il est temps de prendre à bras le corps les nombreuses facettes de la corruption qui font de nos routes une morgue à ciel ouvert. Il est temps enfin de démontrer que les motocyclistes qui représentent 70% des causes d’accident, que des chauffeurs kiffés ou ivres ne peuvent pas impunément conduire. Car la route est avant tout un baromètre social. 

Adam Thiam   

Commentaires via Facebook :