Edito : Contorsions et fuites en avant

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Nicolas Sarkozy n’a pas la baraka en ce moment. Il n’avait même pas fini de se dépêtrer de l’affaire Woerth -ceci peut-il expliquer cela ?- qu’en nostalgique des exploits de la légion étrangère, il s’embarqua dans une expédition punitive dans le Nord du Mali. C’est ce raid conjoint du 22 juillet qui aura finalement plus profité à la Mauritanie qu’à la France. Jugeons-en : quand des élus de Tombouctou, au lendemain de l’attaque, déplorèrent que le commando, dans sa retraite avait enlevé deux membres innocents de leur communauté, la France s’indigna et protesta tout de suite : personne n’avait été enlevé, soutinrent ses porte-parole.

La libération, depuis le week-end des deux jeunes arabes suivie de mea-culpa et de paiement de « dommages et intérêts » par les autorités mauritaniennes est un cinglant démenti au démenti français.

Mais ce ne fut pas le seul malheureusement dans cette joint venture où apparemment, à part l’attaque conjointe, très peu d’autres choses ont été coordonnées. Le 23 juillet, les Français le plus officiellement du monde soutenaient que le raid avait pour but de libérer leur national Germaneau des griffes du salafiste Abuezeid. C’est maintenant clair que ce message était pour Madrid désemparé par une aventure qui faisait courir des risques aux deux otages espagnols encore aux mains d’Aqmi. 

Quelques heures plus tard, pourtant, le Quai d’Orsay se dédira et ira jusqu’à contredire les communiqués triomphalistes de Nouakchott avant que les services secrets ne révèlent que l’otage français était mort une longue semaine avant l’attaque. Le but du raid alors ne pouvait être de libérer Germaneau. Les Mauritaniens l’avaient dit et ils avaient raison.

 Car une telle entreprise relèverait simplement de la sous-traitance de la part d’un pays qui montrerait plus de cohérence à pourchasser l’Emir Belmokhtar contre lequel il a émis un mandat d’arrêt.  Mais les discordances entre les alliés d’une nuit redonnaient une toute autre signification à l’odyssée du 22 juillet, qui  intrigua un Mali pourtant généralement commode, et attira au Général Abdel Aziz les foudres de la plus que jalouse Algérie. Sarkozy lui, au nom de l’obsession du résultat était, entretemps, passé sur un autre front qui ne peut pas plaire aux banlieues arabes de France: l’épouvantail de la déchéance de nationalité. Ce thème peut-être lui amènerait plus de baraka. Mais, c’est évident, ni Abu Zeid, ni ses lieutenants du désert ne sont concernés par ce durcissement.    

Adam Thiam    

 

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