Edito : Consensus et Inclusivité

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Au moment  de  l’installation  des organes de la Transition, les formations politiques et les organisations de la Société civile  avaient été mises à la touche  par  les jeunes colonels  putschistes du CNSP-les vrais détenteurs  du pouvoir  actuel au Mali.  En dépit du fait qu’elles  soient  à l’origine de la chute  du pouvoir  IBK, ces forces vives de la nation   n’ont eu droit au chapitre  ni dans les  choix du président   et  vice-président de la Transition,  encore moins  dans celui  du Premier ministre et des membres du Gouvernement. Idem  pour  le choix des membres du  Conseil National de la Transition et son président.   

Après cinq mois d’exercice, notre  pouvoir transitionnel demeure, non seulement confronté à un problème de légitimité mais aussi et surtout, au manque d’inclusivité dans la composition des organes qui le composent.  Ce qui constitue une véritable tare pour  l’adoption  des  réformes politiques. Alors que   le temps imparti- 18 mois- à la Transition,  pour remettre le pays dans la voie constitutionnelle, se rétrécit. 

Il ne reste plus qu’une dizaine de mois pour atteindre la fin de cette  Transition, pourtant,  les acteurs politiques de notre pays  demeurent  soigneusement  délaissés  à quai.  Ils continuent  de s’interroger :  Y aura-t-il un organe unique électoral (la CENI est dissoute)  pour organiser  les futures élections générales ?  Dans l’affirmative,  ils se demandent comment se fera alors la représentativité des formations politiques et les organisations de la Société civile dans le  nouvel organe ? Quelle relecture  du Code électoral, sans eux ? Autant de questionnements !

Au regard de toutes ces réalités criardes, de plus en plus de voix  recommencent à s’élever  pour  exiger  de la Transition en cours  le retour à l’inclusivité. Cela, afin   d’être en conformité avec l’esprit et la lettre des Concertations  nationales. Ainsi,  plus que jamais, le Conseil National de la Transition (CNT)  est  sur la sellette. Après les anciens députés de la 6e législature et le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), ce sont désormais les membres du Conseil National de la Société Civile (CNSC)  qui exigent  sa recomposition.  

Il  se réfère aux dispositions de la Charte de la Transition, aux  décrets N°2020-0143/PT-RM du 09 novembre 2020 relatif à la répartition des sièges au CNT entre les acteurs visés ci-dessus et N°2020-142/PT-RM du 09 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres devant composer le CNT par les organısations et autres acteurs définis à l’article 13 de la Charte. Mais les Autorités transitionnelles pourront-elles  cesser d’être autistes  à toutes ces légitimes doléances politiques  pour prêter  in fine une  oreille attentive?

Cinq mois après sa prise de fonction, le Premier ministre, Moctar Ouane a in fine rencontré mercredi 10 février, au Centre international de conférences de Bamako, l’ensemble de la classe politique pour échanger notamment sur les réformes politiques et institutionnelles attendues de la Transition. Moctar Ouane  compte désormais   dissiper  les soupçons  et prôner  l’union  sacrée  entre  tous les maliens.  «  Ma conviction est que la classe politique a un rôle de premier plan à jouer dans la promotion de notre jeune démocratie et une place centrale dans les réformes politiques et institutionnelles que nous attendons tous avec impatience », reconnait-il. !  

Apparemment, la Transition en cours  est donc dans la dynamique de  primer  la recherche du   consensus  avec l’ensemble des acteurs sociopolitiques.  Mais aussi  elle veut retourner  à l’inclusivité. C’est une stricte nécessité  pour  la création d’un organe unique indépendant et consensuel  d’organisation des élections.  Que la majorité des partis politiques   estiment qu’il  pourrait être un gage pour la tenue d’élections transparentes avec des résultats incontestés.  

Toutefois,  cet idéal de consensus et d’inclusivité  ne peut être une réalité  tant que   les acteurs sociopolitiques et les Autorités de la Transition continuent avec leurs égos.  Chaque camp doit comprendre que  le Mali  a crucialement   besoin de l’apport  de tous ses fils.   Avec une   petite dose de volonté politique des uns et des autres, aucune  difficulté n’est insurmontable !

Gaoussou Madani Traoré

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