Le 28 avril 2011, alors que des dizaines de clients étaient attablés au café-restaurant Argana, un attentat terroriste s’est produit. Les kamikazes, selon la version officielle, ont arraché la vie à dix-sept innocents. Des victimes qui avaient commis, pour seul crime, de se trouver là, entre amis, profitant de la vie. Il y a, parmi les morts, au moins neuf touristes, des gens qui, après des mois de dur labeur, voulaient profiter du peu d’économie réalisée pour se détendre, rompre avec l’enfer de la routine occidentale. Ils apportent au Maroc argent, emploi et renommée.
Cet attentat que l’on qualifiera sans ambages de geste lâche et criminel s’est produit à Marrakech, sur la plus célèbre place du Royaume chérifien, Jamâa El-Fna. Pour qui connaît le Maroc, un attentat à Marrakech, à cet endroit, n’obéit qu’à une seule logique : faire le maximum de morts, le maximum de dégâts matériels… gratuitement. Aucune barbarie de ce type ne peut se justifier sur la terre d’Allah-le-Tout-Puissant. Et si des islamistes revendiquent cette forfaiture, il serait bon de leur rappeler une des doctrines fondatrices de l’islam : le respect de la vie d’autrui. Un musulman ne commet pas d’assassinat.
Le drame marocain nous pousse à une introspection plus profonde. C’est délibérément que nous avons attendu avant d’écrire sur le sujet. Nous avons constaté une chose qui, profondément, devrait désoler tout citoyen engagé dans le combat pour la paix et la justice. Depuis l’annonce de la nouvelle, c’est le silence radio complet du côté de nos activistes. Les activistes en défense des droits de l’homme du Mali, prompts à ruer dans les brancards à la moindre peccadille sont restés curieusement silencieux.
Mieux, les marcheurs professionnels, les défenseurs de l’islam, les parangons de la dénonciation de l’Occident et de son impérialisme ne disent mot. Il y a pourtant à peine un mois, ils avaient envahi les rues de Bamako pour apporter leur soutien indéfectible au colonel Kadhafi de Libye, celui qui avait traité son propre peuple de « rats » et « cafards » à écraser. Les moins dogmatiques en défense acharnée du colonel avaient cet argument imparable : Kadha a beaucoup investi au Mali !
Et le Maroc ? S’il y a un peuple qui mérite aujourd’hui une marche de soutien, c’est le peuple du Maroc. Ce pays a investi des milliards dans notre pays. Ils ont racheté et gardé intactes des fleurons de notre économie. Ils ont mis 181 milliards pour 51% de la Sotelma-Malitel. Et surtout, le Maroc offre et a offert des bourses d’études pour former nos élites. S’il y a un seul pays dans tout le monde arabe qui mérite la compréhension et la compassion des Maliens, c’est le Maroc. Mais, le roi du Maroc, Mohamed VI est un roi moderne qui veut moderniser son pays. Il ne distribue ni enveloppes ni chèques aux centaines de prédateurs qui écument les palais du monde. Alors, on se tait. Pourtant, il faut le dire : le Maroc ne mérite pas ce mauvais sort et nous devons marquer notre solidarité avec ce peuple ouvert, accueillant, tourné vers le Sud du Sahara. Sans arrière-pensée. Juste pour l’islam et l’humanité.
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