Ce dimanche, 04 décembre 2022, le Secrétaire Général de la Présidence de la République a lu le décret d’abrogation de nomination du colonel Abdoulaye Maiga au poste de Premier ministre par intérim. Le même décret du président de la Transition indique que l’intéressé est désormais nommé en qualité de ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et, porte-parole du gouvernement. Tout en précisant que le colonel Maiga assumera l’intérim du Premier ministre en cas d’absence ou d’empêchement de celui-ci. Ainsi a-t-il tranché le Che de l’Etat pour mettre fin à l’intrigue de la « mise en repos forcé par son médecin » du PM Choguel, survenue le 13 août de cette année.
Désormais muni de son quitus, Choguel Kokalla Maïga a donc repris du service en prenant l’entièreté de ses fonctions de PM. Une reprise qui n’a nullement surpris aucun observateur politique avisé. Tant, depuis sa première apparition publique (en pleine forme apparente) au palais de Koulouba, le 25 novembre, il devenait logique de s’y attendre. Notamment lorsque l’on sait aussi que, à sa sortie d’audience avec le Président de la transition, le PM avait publiquement déclaré sur le plateau de l’ORTM que « son état de santé s’est amélioré et qu’il est prêt à reprendre son poste ». Après quatre mois d’absence de la scène publique, il vient donc d’effectuer, depuis avant-hier lundi, son come-back. Cela, au grand dam de ses nombreux détracteurs qui avaient pourtant beaucoup misé sur son éjection.
Eh oui, en tant que principale conscience grise du processus de rectification de la Transition malienne, Choguel est accusé, à tort ou à raison, d’être le responsable de l’isolement supposé de son pays vis-à-vis de la Communauté internationale (CEDEAO-UA-France-UE…). L’ancien porte-parole du Comité Stratégique du M5-RFP est blâmé par une certaine classe politique, notamment celle qui se réclame du « mouvement démocratique ». Laquelle n’a de cesse demandé au président de la Transition de lui faire remplacer par un « PM consensuel ». Tous les mauvais noms d’oiseau sont attribués à Choguel par ses détracteurs. Mais en dépit de tous ces écueils, voilà le PM Choguel, comme un phénix, renaitre de ses cendres pour reprendre sa place au sein de l’exécutif malien.
Toutefois Choguel devra, plus que jamais, savoir raison garder. Cela est d’autant nécessaire que la conjoncture sociopolitique (caractérisée par des grèves et préavis de grèves) ne lui est point favorable, encore qu’une partie de la classe politique fera tout pour le déstabiliser. Il devra alors prendre en compte l’ensemble des critiques proférées contre sa propre personne, tout comme celles sur la gouvernance globale de la Transition. L’ancien Porte-parole du Comité Stratégique du M5-RFP devra surtout éviter de donner raison à ses nombreux détracteurs, en ne répétant pas les mêmes fautes ou erreurs qu’il aura commises avant sa « mise en repos forcé par son médecin ». Un homme averti en vaut deux, nous enseigne un adage. Mais comment doit-il s’y prendre ?
D’abord, il faudra certainement que Choguel fasse de la retenue et même assez de retenue, par rapport à la gestion des affaires publiques. Le PM devra agir avec discernement. Il devra éviter les sorties politiques incendiaires et infructueuses. Il devra s’animer d’une plus grande sagesse. Mais aussi et surtout, le PM doit aussi s’efforcer de travailler dorénavant avec de vrais professionnels de la communication, pour éviter de tomber dans les travers politiques.
Même si toutes ces recommandations sont nécessaires d’application, le volet communication est certainement le plus important. Cela est d’autant vrai que le Gouvernement de la Transition, eu égard à la conjoncture économique internationale difficile, a plus que jamais besoin d’une meilleure communication auprès de l’opinion nationale.
N’est-ce pas une réalité, Monsieur le PM?
Gaoussou Madani Traoré