Edito / Cercle vicieux

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D’abord, une partie du Nord, ensuite tout le Nord, puis le Centre du Mali depuis peu : l’alerte du Consulat français à Bamako relayée hier par l’Afp sur les « risques accrus d’enlèvement » dans la zone touristique de notre pays confirme nos craintes. Mopti n’aura pas de sitôt son certificat de fréquentabilité, elle dont l’industrie touristique génère des dizaines de milliards de francs Cfa par an.

Et l’apport tant appréciable des humanitaires d’humanitaires occidentaux manquera encore aux populations des zones classées grises. Malgré l’indignation des soixante-dix volontaires français au Sahel rapatriés en février qui n’hésitent pas à trouver « scandaleux qu’on affame toute une région sans compensation » ou que les « alertes ne soient ni justifiées ni expliquées. Ce qui poussa l’un des ex-volontaires à déduire que : « soit la France s’en fout, soit elle suit une ligne qui nous échappe ».

Oui au principe de prudence : aucun innocent ne doit se trouver entre des mains terroristes. Oui, les cris de vierge effarouchée de l’Etat malien se sont pas recevables quand les faits démontrent, non le recul, mais la montée en puissance d’Aqmi. Mais dans le cadre d’un combat concerté et commun contre une menace qui se nourrit aussi de la précarité des populations, nous devons établir un dialogue Etats-citoyens.

Donc une précaution de plus contre l’erreur, le déni ou l’exagération. Mopti a perdu selon notre office du tourisme, plus de 50% de sa clientèle en un an. Un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliards de francs Cfa frappant des artisans honnêtes qui courent le risque d’être de la matière première pour le crime organisé. D’où le questionnement de certains critères.

Par exemple, la sécurité d’une opération de kidnapping est un objectif même pour la fabrique de kamikazes qu’est Aqmi. Pourquoi alors se hasarder à Mopti infiniment plus risqué que Niamey d’où il est plus facile de rallier la base ? Il est vrai qu’en confiant que la nébuleuse salafiste cherche à prendre des otages ici et à les acheminer en Libye « pour y officialiser sa présence », la source sécuritaire malienne invoquée par l’Afp conforte la thèse du risque plus élevé de rapt chez nous. Surréaliste!

Adam Thiam

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