Edito : Case départ

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Dans la perspective d’une  sortie de crise négociée, la CEDEAO a diligenté fin juillet plusieurs  missions de haut niveau au Mali. La dernière au sommet,  conduite par le président en exercice  Mamadou Issoufou et qui  comprenait les Chefs d’Etat de la Côte d’Ivoire,  du Nigeria, Ghana, n’a malheureusement, à l’instar des premières,  pu amener le pouvoir et l’opposition incarnée par le M5-RFP à se mettre d’accord.

Si l’exécutif  apprécie favorablement  les recommandations de l’organisation sous-régionale : démission des députés « mal élus » pour des législatives partielles, recomposition de la Cour Constitutionnelle par l’usage de l’article 50 de la Constitution, formation d’un Gouvernement d’Union nationale avec 30% des postes au M5 et s’y attèle à les mettre en œuvre, par contre,  les  responsables du M5-RFP considèrent qu’elles  ont, non seulement, un caractère «anticonstitutionnel et sont inapplicables» mais qu’ils  n’en  sont pas preneurs. Tout en réaffirmant que leur  lutte pour une meilleure gouvernance n’est pas d’obtenir des portefeuilles ministériels.

Le M5-RFP qui regrette  que les dirigeants de la CEDEAO aient  « juste voulu couvrir le président de la République et son régime», sans tenir  compte de  la profondeur et la gravité de la  crise multidimensionnelle  qui hypothèque l’avenir du Mali. D’où  son  appel, en dépit des menaces de sanction proférées par l’organisation ouest africaine en cas de refus d’obtempérer, à reprendre la désobéissance civile dès la fin des festivités de l’Aïd  El Kébir. Un appel que la frange juvénile de la contestation s’est fait sien.

Lors de son assemblée générale, tenue dimanche dernier au siège de la CMAS, la jeunesse du  Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5 RFP) a ainsi décidé de rompre  désormais avec le discours des aînés afin, affirme-t-il,  d’honorer la mémoire des martyrs. Pour  instruire, hier à O heure, à ses militants et sympathisants d’aller en  désobéissance civile dans les toutes les villes du Mali. Cela, jusqu’à   la «démission du président de la République et de son régime» alors que son mémorandum (qu’il a rendu caduc)  lui laissait un fauteuil honorifique.

Comme la réponse du berger à la bergère, le Chef de l’Etat  a répliqué par la fermeté en rappelant, lors de son intervention  à l’issue de la prière de l’Aïd  El Kébir, qu’il était du devoir de l’Etat de s’assumer en assurant  la sécurité des personnes et des biens (allusion aux évènements survenus les 11, 12 et 13 juillet au cours  desquels, une vingtaine de manifestants sont morts avec des centaines de blessés). Tout en menaçant  qu’il en sera ainsi. Et tranchant  que la seule voie d’accès au pouvoir en République du Mali est  désormais,  celle des urnes. Le Chef de l’Etat a aussi averti  que l’équipe gouvernementale restreinte de six membres sera bientôt complétée avec ou sans le M5-RFP.

Par l’implication  maladroite mais surtout condescendante de la CEDEAO, réduisant  la crise sociopolitique malienne à un simple contentieux électoral et partage du pouvoir,  celle-ci s’est logiquement vu amplifier  pour  revenir  à sa case départ. En remettant dos à dos les protagonistes. Alors que sa solution demeure  incontestablement malienne et inconstitutionnelle comme Le Pélican l’avait écrit dans son édito de la parution du mercredi 24 juin 2020 .Que le pouvoir et le M5-RFP  sortent des extrêmes  pour  y explorer à nouveau cette solution.

Toutefois, ils doivent au préalable savoir raison garder  pour, en toute humilité,  mettre le Mali au-dessus de tout. Cela  permettra  d’éviter certainement  toutes éventuelles dérives susceptibles de  plonger  davantage notre pays dans un  chaos irréversible ! Que le Tout Puissant guide leurs pas !

Gaoussou Madani Traoré, DirPub

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2 COMMENTAIRES

  1. N’est il pas hypocrite de parler de METTRE LE MALI AU DESSUS DE TOUT quand on sait que ceux qui sont aux affaires peinent à securiser le pays en plus d’un quinquennat d’exercice du pouvoir?
    Ne serait-il pas plus responsable de pointer le doigt là où existe réellement le problème c’est-à-dire la mauvaise gouvernance d’IBK?
    Dire “que le pouvoir et le M5-RFP sortent des extrêmes pour y explorer la solution malienne”,c’est tenter de discréditer les animateurs du M5-RFP car l’initiative de la solution malienne ne peut venir que du détenteur du pouvoir.
    Est ce EXTRÊME la demande de démission d’un homme politique de la présidence de la république qui, en un quinquennat, a ramené l’insécurité aux portes de la capitale alors qu’elle en était confinée à plus de mille kilomètres?
    Est ce EXTRÊME la demande de démission d’un homme politique de la présidence de la république qui a annulé la croissance économique d’un pays en un quinquennat alors qu’elle était continue depuis le milieu des années 1990 sous ALPHA OUMAR KONARE?
    À rappeler que François Hollande a refusé de se représenter pour un second mandat au motif qu’il n’a pas fait reculer le chômage qui était la promesse phare de son quinquennat.
    Son prédécesseur a été sanctionné dans les urnes pour non respect des engagements pris.
    Notre système démocratique, la qualité d’homme politique d’IBK faite de la conviction d’avoir bénéficié du pouvoir de DIEU,non du peuple, obligent la population à sortir dans la rue pour faire respecter la souveraineté populaire.
    CET ACTE D’EXIGER LE RESPECT DE LA SOUVERAINETÉ POPULAIRE MANIFESTE L’IDÉE DE METTRE LE MALI AU DESSUS DE TOUT.
    Le courage d’analyser la situation politique d’un pays en pointant du doigt le mal qui fait souffrir tout un pays est une qualité qui n’est pas réservée à tous les journalistes.
    C’est le pouvoir qui est dans l’extrême en se cantonnant à défendre les intérêts d’un clan.
    Le M5-RFP est guidé par la pression exercée par la masse populaire.
    Il s’adapte aux exigences d’une grande majorité de maliens.
    Cette majorité ne veut plus d’IBK au sommet de l’État.
    Il faut le dire pour abréger la souffrance de la population.
    OSER LUTTER,C’EST OSER VAINCRE!
    La lutte continue.

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