« Soyez certain alors, Monsieur le Vérificateur général, que la situation ne restera pas en l’état! Car dès ce lundi (02 novembre), les départements ministériels concernés seront mobilisés pour que les responsables des entités incriminées sachent que la performance n’est pas facultative mais obligatoire. Il n’y a pas d’hésitation possible : c’est soit le Mali, soit la porte…. Monsieur le Vérificateur général, vos recommandations sont, pour moi, une instruction. Pour le gouvernement, cela vaudra exécution… ». Cet extrait est tiré de la déclaration du président de la Transition, qui recevait le rapport annuel 2019 du Bureau du Vérificateur Général.
Ces propos, apparemment tranchants, résonnent comme un gage de la ferme détermination des nouvelles autorités maliennes à sévir contre la mal-Gouvernance dans notre pays. Toutefois, tout en sachant bien que le temps joue contre lui et son Gouvernement et n’ignorant pas que le peuple est désormais las des discours vains, Bah N’Daw doit se montrer plus pragmatique que ses prédécesseurs, en faisant traduire illico presto ses promesses en actes concrets.
Créé sous l’ère du président Amadou Toumani Touré, le Bureau du vérificateur Général a un Chef dénommé Vérificateur Général ou Végal. Il est chargé de vérifier la gestion des ressources publiques. Son statut, défini dans la loi n° 03-030 du 25 août 2003, s’inspire du modèle fourni par le vérificateur général du Canada. Tout citoyen peut saisir le vérificateur général, qui fait un rapport chaque année au président de la République, au Premier ministre et au président de l’Assemblée nationale. A titre d’exemple : Le rapport 2005 a dressé un portrait sans complaisance de la corruption au Mali et de la mauvaise gestion. Il s’est intéressé notamment à quelques départements ministériels, la Mairie du District de Bamako, et quelques grandes sociétés de télécommunication. Quasiment tous les ans, il n’a de cesse fourni des rapports accablants sur la Gouvernance de notre pays.
Cependant, force est de constater qu’il n’y a guère eu de progrès dans la mise en œuvre des préconisations précédemment faites par le Bureau du Vérificateur afin d’améliorer la gouvernance publique dans notre pays. Un constat d’autant plus triste que ces recommandations n’ont jamais été prises en compte ni par les structures vérifiées que les gouvernances précédentes. Ainsi, dans le domaine minier en occurrence, il en résulte que les mines, quoique très riches, n’apportent quasiment rien à l’économie nationale. Au contraire, nous assistons hélas à des déperditions financières pour non- paiement des dividendes et de certains impôts dus à l’Etat, mais aussi à la destruction de notre environnement et une mauvaise responsabilité sociale des industries extractives.
Cette donne doit obligatoirement s’inverser. Car au-delà des mots pour une bonne Gouvernance, la majorité des maliens attendent beaucoup et impatiemment du nouveau Chef de l’Etat et de l’ensemble de l’exécutif, des actes concrets. Leurs concitoyens ont hâte de percevoir que la lutte contre la corruption et la délinquance financière ainsi que la lutte contre l’impunité, par une bonne distribution de la Justice, sont désormais devenues une réalité au Mali.
Le président de la Transition, premier magistrat du Mali, doit donc dépasser les promesses pour instamment donner carte blanche à l’institution judiciaire. Mais aussi, Bah N’Daw doit veiller avec instance à ce que toutes les procédures judiciaires entamées ou en cours contre toutes personnes physiques ou morales mises en cause par le rapport du Végal soient accélérées. Plus que jamais, il est contraint d’aller dans ce sens. Sinon, il y va de sa crédibilité et son honneur !
Gaoussou Madani Traoré