C’est le jour de l’Afrique ! C’est l’heure de l’Afrique ! C’est l’allégresse ! Quelle belle espérance ! Voilà une chanson-hymne patriotique que bien d’enfants de la génération 1960, année des indépendances africaines, ont entonné à la gloire d’un continent que l’on disait en devenir. Le temps a passé et dans une large mesure la désillusion s’est installée.
De coups d’Etat en coups d’éclats, de guerres en génocides, de pauvreté en misères voilà le constat de ce qui a répondu à l’appel de l’espérance de ceux-là qui ont cinquante ans aujourd’hui. Parce qu’un demi siècle après, il y a plus de pays en conflits qu’au lendemain de l’accession de nos pays à la souveraineté nationale et internationale, il y a plus de remous socio-politiques, d’animosités et de volonté réciproque de se nuire entre chefs que l’on se demande comment le continent fait-il pour se tenir debout.
Le constat est accablant. Est-il nécessaire d’évoquer le reste du tableau quand on sait que la guerre de Côte d’Ivoire vient à peine de prendre fin, est-elle, du reste, finie ? Une guerre, là où un passage de flambeau, au rythme des fanfares, aurait suffi.
Et pourtant l’Afrique a tout pour réussir. Des hommes, des idées, du potentiel en tous genres. Alors pourquoi reste t-elle un continent à la traine, sans perspectives autre que le vœu pieux d’émerger. La raison est à rechercher sans doute dans l’autisme d’une classe politique plus encline à préserver ses intérêts à jouer de compromissions qu’a prendre en charge les veritables préoccupations des populations, heureusement en avance sur elle.
Et cette Union Africaine écartelée sur tous les dossiers !
C’est pourquoi le discours de circonstance du ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, à l’occasion de la semaine de l’intégration africaine, ne sera écouté que d’une oreille distraite avec un petit rictus agacé. Car on le sait , ici comme ailleurs, ce ne sera que l’occasion des flonflons, des caravanes et de tam-tams dont l’Afrique est friande…Autrement comment comprendre qu’il soit nécessaire de visas entre deux pays voisins qui ont tout en commun, qu’il soit exigé une carte de séjour quand on parle la même langue et professe la même religion, que l’on soit expulsé du village que l’on a en partage pour défaut de papiers et victime de tracasseries. Quand les frontières ne restent pas désespérément fermées même en cas de détresse humanitaire. Des Africains sont devenus des boucs émissaires pour d’autres africains, en Afrique.
S’il est une guerre sur laquelle le continent est en retard c’est bien celle de l’intégration, en particulier celle de l’intégration politique et elle rend contre productive tous les autres aspects de la question.
S. El Moctar Kounta