Edito : Birama, Ghislaine, Claude… nous nous battrons pour votre cause

3

Exercer le métier de journalistes au Mali de nos jours est synonyme de toute sorte de danger. Autrefois, on constatait de simples agressions. Mais depuis 4 ans, une autre forme de violence règne dans la famille de la presse : assassinat ou porté disparu.

Le 2 novembre 2013, une mauvaise nouvelle en provenance de Kidal se repend comme une trainée de poudre à travers le monde. Un homme et une femme ont été enlevés puis assassinés par leurs ravisseurs. Leur identité est connue. Il s’agit de Ghislaine Dupont, journaliste et Claude Verlon, technicien de reportage, de RFI en mission au Mali. Leur assassinat reste un mystère jusqu’à présent. Côtés Français et Malien, le dossier ne bouge pas. Quatre ans après, c’est le statuquo.

Etant dans ce deuil inconsolable, une autre triste nouvelle s’annonce. Notre confrère Birama Touré disparait dans des circonstances mystérieuses. Depuis le 29 janvier 2016, le confrère n’a pas fait signe de vie. La presse malienne, dans son ensemble, a fait tout son possible les premières semaines après la disparition sans résultats escomptés.

Dans cet océan de désespoir, le cycle de violence a continué son petit bonhomme de chemin. Les journalistes sont violentés quotidiennement sur les lieux de manifestations. Les dernières agressions en date sont celles qui ont visé nos confrères Hamidou Keïta du journal Le Témoin et Halima Ben Touré de SIKA TV lors de la marche d’un mouvement contre la politique de la  France dans le nord du Mali.

Les faits sont tout le temps dénoncés par les associations faitières de la presse, mais nos autorités semblent prendre la question à la légère.

Novembre dernier, un mouvement a pris forme avec pour unique mission protéger la presse malienne contre toute sorte de violences. Dénommé ‘’Mouvement de Protection de la Presse contre les violences’’,   le MPV-MALI s’est assigné comme première mission le cas Birama Touré, mais aussi celui des deux journalistes de RFI assassinés sur le sol malien.

Le Mouvement programme une série d’activités la semaine prochaine. Elles commencent le lundi 29 janvier, date anniversaire de la disparition du confrère Birama à travers une conférence de presse à la maison de la presse ; le mercredi un sit-in devant la maison de la presse ; le vendredi, remise d’une lettre au premier ministre qui sera suivie d’une conférence débat à la maison de la presse. Le MPV-MALI ira loin et dès lundi prochain, le monde entier saura sa position ferme dans ces deux dossiers.

En Afrique, en général, la presse est reléguée au second plan à cause tout simplement de la ligne éditoriale de certains journaux qui ne caressent jamais les gouvernants dans le sens du poil. Dans la dynamique d’informer, la presse devient une ennemie à abattre à tout prix. Tentative de musèlement en un premier temps,  et si cela ne porte pas ses fruits, assassinat s’en suit.

Mettre fin à ce système n’est pas chose aisée. Mais il y va de l’intérêt de tous car aujourd’hui c’est un tel demain ça peut être un autre. Alors mieux vaut anticiper à temps afin d’éviter d’autres deuils.

Boubacar Yalkoué

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. Moi j’aime MARTIN NIEMOELLER ce Révérend Allemand qui (à propos des Nazis) avait dit ceci:

    «Quand ils sont venus, ils ont commencé par les communistes,
    Je n’étais pas communiste, je me suis tu.
    Ce fut le tour des Polonais
    Je n’étais Polonais, je me suis tu.
    Ils sont venus chercher les homosexuels et les Tsiganes,
    Je n’étais ni l’un ni l’autre,
    Je n’ai rien dit.
    Ils se sont mis à arrêter les Juifs,
    Je n’étais pas Juif non plus.
    Le jour qu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester !»

    Dans ce BIRAMA la presse Malienne a fait son mieux, ce n’est que elle qui le sais. Dans n’importe quel pays on aurait vu les journalistes battre le pavé avant qu’il ne soit trop tard. Après un enlèvement, on ne peut pas attendre des semaines ou des mois pour ensuite se fendre de quelques paragraphes ou d’articles timides….

    Comme l’avait dit le Révérend Allemand, la lâcheté ne met personne à l’abri. Ces intimidations et ses assassinats continueront aussi longtemps que les réactions resteront timides.

    Et comme vous mêmes journalistes Maliens aimiez souvent faire du parallélisme entre les crimes, le citoyen lambda que nous sommes aura du mal à comprendre pourquoi on arrête l’assassin d’un vulgaire journaliste alors que ceux qui ont égorgé à Aguel Hok ne sont pas inquiétés. 🕯🕯💡💡

  2. Merci mon grand Dogon que le bon Dieu te protégé et tous ceux qui comme toi risquent leur vie pour nous informer.

Comments are closed.