Edito : bilan et perspectives

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Cinq années se sont écoulées, depuis que le président de la République, SEM El Hadj Ibrahim Boubacar Keïta s’est installé à Koulouba à la suite d’une élection à allure de plébiscite. Il souhaiterait rempiler comme l’y autorise la Constitution. A cet effet, il bat campagne et vient de mettre à la disposition des électeurs, un document intitulé « Ensemble pour la paix et le progrès ». Il le présente, non comme son programme 2018-2023, mais comme son « Projet de programme 2018-2023 ». Entre les deux expressions, il existe plus qu’une nuance, une réelle différence. Est-ce à dire que le texte présenté à l’appréciation des électeurs est susceptible d’amendements ? Nous en avons pris connaissance et livrons ici les réflexions qu’il nous inspire.

Le président, candidat à sa propre succession, se prononce sur son bilan. Il y est, d’abord,  question  de la « stabilisation du pays », du Mali « troisième rang des économies de l’UEMOA », de la Loi d’Orientation du Programme Militaire (LOPM) et de la loi d’Orientation et de Programmation de la Sécurité Intérieure (LPSI). Il y est, ensuite, question des résultats obtenus au terme de « la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) » et du « Programme Présidentiel d’Urgences Sociales ».

Si les résultats obtenus en matière de développement économique et social sont probants, ils ne suffisent pas pour rendre le bilan globalement positif. Et cela, pour deux raisons.

La première raison : « la stabilisation du pays » s’est effectuée au détriment du renforcement de l’unité nationale, de la défense de l’intégrité du territoire. Le voyage de Kidal est là pour le prouver. Le souhait de bienvenue n’était pas celui des populations de Kidal, mais des chefs de tribus de l’Adrar des Ifoghas. En réalité, l’accueil s’est déroulé plutôt comme si ce sont les premiers responsables de « l’Etat fédéré de l’Azawad » qui ont accueilli le président-candidat de « la Fédération du Mali » Deux indices : les combattants de la CMA assurant la sécurité de l’hôte de marque, le drapeau de l’Azawad déployé dans la salle de conférence.

Deuxième raison : le « troisième rang des économies de l’UEMOA » ne s’inscrit nullement dans l’actif du président sortant.  Ce rang a toujours été le nôtre de la création de l’UEMOA à ce jour.

Ce que le bilan du président occulte soigneusement, ce sont ces causes de souci qui taraudent les Maliens : la mise sous tutelle de notre pays, la perte de l’autorité de l’Etat dans les régions du Nord ; au Centre, l’insécurité et les conflits intercommunautaires ainsi que leurs conséquences négatives sur le développement économique et social ; sur l’ensemble du territoire, la faillite de la décentralisation et la déliquescence du système éducatif compromettant dangereusement l’avenir de la Nation.

Comme perspectives, en cas d’élection, le président sortant, au cas où les suffrages lui seraient favorables, promet « une nouvelle offre politique. » Cependant, ce qui est formulé pour illustrer cette expression est loin d’être une nouveauté car il s’agit de « la consolidation des acquis démocratiques, la satisfaction des attentes des populations, la stabilisation du pays pour créer les conditions favorables à l’émergence »

Ibrahim Boubacar Keïta et son équipe de campagne présentent le bilan du quinquennat comme donnant entièrement satisfaction. L’on pourrait souscrire à cette présentation si les progrès réalisés étaient constatés sur l’ensemble du pays. Les tenants d’un bilan négatif pourraient allègrement argumenter que la présentation ne tient pas compte d’une donnée essentielle : la situation particulière dans laquelle se trouve actuellement le Mali. Tout se passe comme si la priorité, la libération nationale et la sécurité, a été reléguée au second plan. Le candidat a présenté un « projet de programme 2018-2023 ». Il y a lieu d’espérer qu’en cas d’élection, le projet soit amendé pour prendre en compte cette réalité.

LA REDACTION

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