Edito : Baro et thé !

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Mercredi, le 08 juin 2011, la République du Mali a vécu un autre des jours de grâce comme seul Allah-le-Tout-puissant sait en créer. Personne ne pouvait, personne ne devait, à moins d’effronterie suprême, rater cette diffusion, après l’enregistrement effectué en catastrophe pour cause de voyage à New York. Télé Bozola a passé la bande-annonce en boucle, intimant l’ordre à la plèbe de rester figée devant la lucarne.

 Et nous avons vu, nous avons entendu. Le roi des tropiques était là, drapé dans un majestueux boubou. Autour du roi, hilares et ravis, les trois courtisans des temps modernes : Ibrahima Souleymane Coulibaly, Diossé Traoré et l’empereur des calembours et aphorismes, Sy Souleymane Sy, celui qui préfère la phonétique bambara donnant « Sy Solomane Sy ». Allah Akbar ! Dieu est grand, mais celui à qui il a donné temporairement le pouvoir n’est pas petit, diront les Ivoiriens.

 Et le cirque a démarré sur une digression, un échange déplacé sur le bonheur familial et le statut des petits-enfants, devenus de véritables terreurs de grand-père. Le « journaliste » de Télé Bozola ne se sentait plus tellement l’intérêt du chef suprême pour sa modeste personne le comblait de bonheur. Le spot light est trop près, le crâne et le visage du Coulibalay dégoulinent de sueur et un délicat coup de mouchoir ramène temporairement les cheveux au sec. Rien à voir, autant se demander si c’était le projecteur qui le faisait suer ou la gêne provoquée par les propos du chef.

 ATT est sympathique. Il ne se donne jamais des airs et la cheville n’enfle pas. Il ne se donne aucun mérite et ne veut faire du mal à personne. Même Moussa Traoré qu’il a cravaté sec il y a plus de vingt ans est un bon gars avec qui il taille bavette souvent. Quand le Mali manque de pluies, il appelle le « waliyou » Moussa pour prier. Pourtant, c’est sous le funeste règne de ce Moussa Traoré, devenu « implorateur » de pluies que le Mali a connu les deux pires sécheresses de son histoire, en 1973 et 1984. Mais, ce genre de détails dans lequel se trouve le diable, n’avait pas sa place.

 En fait, ATT est tellement gentil qu’il rit en racontant un crime. Il possède un terrain à Yirimadio, acquis en 1984 alors qu’il était un simple commandant à la tête d’un bataillon de paras. Président de la République, il apprend qu’un escroc du foncier à morcelé son terrain en quatre lots et l’a vendu avec de faux papiers. Le président découvre qu’il s’agit là de faux et usage de faux en écriture publique. C’est un crime passible de la Cour d’assises. Le président se contente de récupérer son terrain et laisse filer le filou. Même pas une plainte pour la forme. Et les « journalistes » du jour d’éclater de rire.

 Voilà où nous en sommes aujourd’hui à force de faire du Baro le mode de gouvernement et du « moussalaha » la négociation des fautes, lourdes ou légères.

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