Karim Wade rendra t-il public, un jour, le Sms qui prête à Robert Bourgi l’idée qu’Abdoulaye Wade demande le recours à la base française de Dakar pour mater des manifestants sénégalais? Cela n’enlèverait ou n’ajouterait rien au palmarès d’un des derniers symboles de la Françafrique. Celle qui est assise à la fois sur la veine jugulaire de l’Afrique et sur la dignité de la France.
Qui séduit les palais du continent le plus pauvre du monde contre un rendez-vous à l’Elysée. Qui garantit le non-lieu à des présidents prédateurs ou l’impunité quand ils mettent en joue leur propre peuple. Le « scoop » de l’avocat français n’est que la confirmation de trois petites vérités que nous savons tous : d’abord qu’il reste un des plus crocodiles les plus vieux et les plus avides du marigot africain.
Ensuite qu’il soit l’inspirateur ou la courroie de transmission, Bourgi, par sa sortie, visait le dégât maximal, ce qui ne peut-être, dans ce monde où le velours est la loi, que le signe que ça n’allait plus bien entre lui l’avenue Roume. Les mobiles sont plus intéressants que le fait, mais peut-être ne les saura t-on jamais, car ils peuvent n’être honorables ni pour les Wade ni pour le lobbyiste. Celui qui –troisième confirmation donc- de Yaoundé à Libreville, en passant par Conakry, Brazza et Ndjaména, avalise tous les écarts de gouvernance d’un continent qui lui a pourtant beaucoup donné. Mais la preuve par le Sms est vitale pour Karim Wade.
Le fils pour lequel papa a un penchant évident mais qui n’est plus loin d’être son âme damnée. Le cas échéant, « sa vérité » lui restituera le sens politique et la fibre patriotique que le doute lui dénie. Et ce n’est pas superflu. Mais pour lui, il est désormais trop tard d’être dédouané pour son rôle dans le projet d’arriération du Sénégal jadis pionnier dans bien des domaines en Afrique. Sarko avait promis la mort de la Françafrique. C’est désormais évident qu’il a choisi la voie la plus longue mais la plus sûre pour y arriver
Adam Thiam