Edito : Avec Brutus

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Le petit monde de la politique malienne commente et analyse sous tous les angles la démission de N’Diaye Bah (ministre de l’Artisanat et du tourisme depuis 2002) et de ses comparses du CNID dirigé depuis sa création par l’inamovible Me Mountage Tall. On parle de « trahison », de « complot », de « désir de détruire les partis politiques ». Certains observateurs y voient la main de Koulouba, désireux de semer la zizanie au sein des formations en vue d’implanter en force le PDES, le nouveau parti qui sortira des entrailles du fantomatique Mouvement citoyen. D’autres pensent que N’Diaye Bah n’est qu’un pion immature d’une vaste stratégie de confiscation du pouvoir quand sonnera le glas de l’ère ATT en 2012.

Globalement, nous estimons que la démission du ministre est un épiphénomène, une tempête dans un micro verre d’eau. Car, à l’évidence, une réalité demeure implacable : malgré ses huit ans au sein de l’exécutif, N’Diaye Bâ ne représente rien ! Zéro ! Politiquement, en étant généreux, on dirait que c’est un poids plume. Il n’a aucun poids politique et cruellement, il faut le dire, c’est une fabrication (ratée) de Me Mountaga Tall. Maintenant, peut-il drainer dans son sillage des poids lourds de la politique nationale ? Au CNID, il semble que le maire de Ségou soit tenté par l’aventure. Mais que vaut réellement Ousmane Karamako Simaga sur l’échiquier national ? L’homme doit déjà se justifier devant le tribunal pour une vulgaire histoire de tripatouillage d’identité puisque, vraisemblablement, personne ne sait si à son baptême on l’a prénommé Ousmane ou Banzoumana.

Le coup bas de N’Diaye Bâ à la démocratie malienne fait mal, non à cause de la « traîtrise » mais parce qu’il discrédite davantage une classe politique en recherche de boussole depuis juin 2002. Sinon, nous considérons que la trahison est une des bases principales sur lesquelles repose la politique. On peut caricaturer en affirmant que la politique, art du compromis et des compromissions, se noue sur la trahison. Tout homme capable de surmonter la trahison, les coups bas, la calomnie et la jalousie pour se frayer un chemin devient un politique. C’est une des raisons pour lesquelles certaines personnes de grande valeur ne seront jamais des politiques. Il y a aujourd’hui, à Bamako, des hommes et femmes prêts à tout pour se frayer un chemin vers l’ascension sociale. Si seulement ATT pouvait entendre 10% des ignominies et infamies portées à son compte par un homme politique qui lui lèche à présent les bottes, il lui administrerait un bon coup de pied là où ça fait mal pour ne plus jamais lui adresser la parole !

L’empereur romain, Jules César que l’on saluait par des « Ave Caesar », trahi par son fils adoptif Brutus, lui demanda avant de mourir : « Toi aussi, mon fils ? » La politique, depuis Machiavel, se décline en « Ave Brutus », le traître est un rusé et la morale s’enfuit ! C’est triste, dégoûtant, sale. C’est la politique…            

 

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