Édito : autorités intérimaires, enfin ?

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Le nouveau gouvernement aurait-il la baraka ? Coup sur coup, il vient de réussir là où le précédent avait buté : il a trouvé un terrain d’entente avec les blouses blanches et avec la Convention pour la Justice dans l’Azawad (CJA). Les premiers ont repris le travail lundi 17 avril dernier ; celle-ci a, enfin, accepté l’installation des autorités intermédiaires à Taoudéni et à Tombouctou. Intéressons-nous particulièrement à cette installation.

Que de tractations ! Que de négociations ! Une fois de plus, conscient de l’extrême déliquescence dans lequel il se trouve, l’Etat a dû faire des concessions qui frisent la compromission. Qu’est-ce que les rebelles ont obtenu au juste ? On en sait une partie, on ne saura pas tout, surtout si l’on sait que la pratique consistant à négocier à valise ouverte est devenue courante dans notre pays.

Ainsi, après Kidal, Ménaka et Gao, le processus de mise en place des autorités intermédiaires vient de connaître une phase décisive avec celle de Taoudéni et de Tombouctou. D’aucuns pourront s’en réjouir. Pourtant, elles ne sont pas sans être sources d’inquiétudes légitimes. Compte tenu de certaines clauses les régissant. Il peut en découler du bon pour la République, comme le pire pour elle.

Le bon, ce sera, bien sûr, le redéploiement de l’Administration sur les cinq régions du Nord afin que fonctionnent, à nouveau, les services sociaux de base pour le plus grand besoin des populations. Ce redéploiement sera-t-il effectif, total, si l’on sait que le gouverneur de Kidal rencontre des difficultés pour prendre contact avec le territoire de son ressort ?

Le pire, c’est ce contre quoi nous n’avons cessé de tirer sur la sonnette d’alarme : l’autonomie des régions débouchant finalement sur leur indépendance avec, à terme, avec la bénédiction de la Communauté internationale, leur association avec le Mali dans le cadre d’une fédération. Tout est prévu pour que, d’intérimaires, ces autorités restent installées pour de bon au-delà du délai d’existence qui leur est reconnu. En effet, elles ont la charge d’organiser les élections auxquelles elles « doivent » se présenter. En Afrique, qui peut organiser des élections, dresser un fichier, distribuer des cartes, déterminer les lieux d’implantation des bureaux de vote, et les perdre ? En réalité, l’on a placé, avec ces installations, des hommes à la tête des populations sans que celles-ci soient consultées. Tout est mis en œuvre pour que ces hommes puissent, au terme de leur mandat, rempiler et pérenniser leur pouvoir.

Ce qui s’est produit jeudi 20 avril peut être considéré comme une avancée dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Mais il doit inspirer plus de vigilance que d’optimisme. Ayons toujours en mémoire cette déclaration de la CMA des nobliaux de Kidal après que la Conférence d’Entente Nationale eut rejeté comme irrecevable l’Azawad comme entité politique : il n’y aura pas de paix tant que le statut politique de l’Azawad n’est pas reconnu. La CMA sait ce qu’elle veut, rester un Etat dans l’Etat, avec son hymne et son drapeau, en attendant son indicatif téléphonique déjà promis par le Qatar. Il nous appartient de lui résister pour l’intérêt supérieur de la République.

LA REDACTION

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