Rétablir la « sécurité au Nord en concertation avec le gouvernement du Mali » : plus qu’un communiqué, ce cri du cœur désabusé d’Ibrahim Boubacar Keita, depuis Paris et suite à l’assassinat déploré et condamné de Michel Germano, est le cri du cœur de toute la nation.
Car le moment est de grands défis où Al Qaeda se congratule de voir les voisins se crêper le chignon, au lieu de se donner la main pour éradiquer la tumeur qui pourrait, bien si on n’y prend garde, métastaser plus de nos discordes que de sa dynamique propre. Même médecin, Kouchner ne saurait être notre remède. A fortiori, un médecin après la mort.
C’est de notre addition que résultera la convivialité troublée de l’espace sahélo-saharien qui sera « intégrateur de solutions » ou sable mouvant sous nos pieds, les uns après les autres. Parce qu’alors que notre stratégie c’est la désunion, celle d’Aqmi est claire comme l’eau de roche : nous vaincre tous après nous avoir combattus séparément. Et ce jour ne saurait être loin, tant que nos Etats sont les procureurs les uns des autres. Surtout, tant que le Mali est sur la défensive, montré du doigt, vilipendé d’apartés en sommets, il n’aura pas confiance et on lui refusera la confiance requise pour jouer pleinement son rôle qui est central dans la lutte antiterroriste.
Pour cela, il faut qu’on se souvienne que la hiérarchie de la 9è Région d’Aqmi n’est pas basée au Mali, que ce n’est ni de Tombouctou ni de Kidal qu’Abdelmalek Droudkel, le chef suprême d’Aqmi, a fait parvenir à Al Jazeera son coup de fil extasié sur l’exécution de Germano aujourd’hui et de Dyer hier.
La filiation de la terreur, il est vrai, est devenue moins importante que sa cachette. Bamako en connaît, sans doute, les implications. La mise en œuvre du programme d’urgence qu’est l’imminent Programme pour la Sécurité, la Paix et le Développement au Nord (Pspdn) en est, par conséquent, devenue, comme on dit, d’une urgence pressante.
Adam Thiam