Depuis hier, Att se trouve à Addis Abeba. Crises ivoirienne et libyenne obligent. Le Mali, comme on le sait, est membre du Conseil de Paix et Sécurité jusqu’en fin 2012 et Att lui-même, on ne l’évoque pas souvent, est vice-président de l’Union africaine. Il rendra donc compte à l’Equato guinéen, le président en exercice – empêché – de l’organisation continentale.
Sur la Côte d’Ivoire que fera donc Att ? Pas grand-chose à part écouter, les cinq membres du panel ayant déjà leurs rapports et leurs propositions contraignantes, pour rester dans la grandiloquence propre à Addis-Abeba. Il sait que l’idée du quintet était déjà un moyen de dessaisir la Cedeao qui s’apprêtait à aller à la castagne avec Laurent Gbagbo. Histoire de s’assurer que le président sortant est vraiment sorti et que son successeur Alassane Ouattara, vainqueur certifié du second tour d’une présidentielle historique est installé ailleurs que dans un hôtel.
Un Alassane Ouattara d’ailleurs attendu à Addis en même temps que Gbagbo qui s’y fait remplacer par son ministre des Affaires étrangères, Alcide Djéjdé. Le quintet aura beau tourné les choses, ATT sait que le mal est déjà fait, que la Côte d’Ivoire est déjà dans la guerre civile. Il sait que Gbagbo ne partira pas sur un simple engueulade de ses pairs africains parmi lesquel Alcide Djédjé revendique déjà sept amitiés sûres dont celle très stratégique de l’Afrique du Sud. Mais pire, il sait aussi que Ouattara ne cèdera pas un pouce de son acquis. Sur la Libye qui sera également discutée à ce Cps, par contre, une bonne option sera sur la table et le président malien ne peut que lui apporter sa bénédiction : une mission d’information ou une enquête africaine chez le Guide qui l’a d’ailleurs demandée.
La Libye également est une donnée de politique intérieure pour le président malien, en raison de ses nombreux investissements au Mali et de la présence de milliers de Touaregs d’origine malienne dans la sécurité rapprochée de Khadafi. Ils pourraient, si ce dernier chute, être indésirables à Tripoli mais ils ne seront pas, forcément les bienvenus dans un Nord malien déjà trop crisogène. En même temps, le Malien qui a pris le pouvoir en 1991 pour mettre fin au bain de sang ne peut avaliser le massacre qui a cours en Libye. Il sait aussi que ce pays ne sera plus le même, avec ou sans Khadafi. Les crises africaines ont mis Att dans la posture qu’il déteste le plus : prendre position.
Adam Thiam