Edito / ADO

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Ainsi donc Alassane Dramane Ouattara est investi. Le monde entier a suivi ce qui devrait être pour la Cote d’Ivoire et le reste de l’Afrique à la fois la fin d’un cycle et une leçon supplémentaire de questionnement démocratique. Le discours qui a été livré à cette occasion à la Fondation Houphouët Boigny pour la Recherche de la Paix de Yamoussoukro était celui que tout le monde attendait. Réformateur, fondateur. Il conjurait la guerre et la douleur et ouvrait les portes de l’espoir pour tous les peuples de l’Ouest africain.

Mais au delà du discours, au delà des intentions et même de l’optimisme clairement exprimé d’une renaissance politique et sociale, des inquiétudes demeurent, des questions restent, malgré tout, sans réponse. Il est vrai que l’heure commande de se préoccuper de rôder un discours de paix et de rassemblement, de faire que la paix ne soit plus une contingence mais un acte et un plan savamment orchestrés et entretenus, comme le disait l’impétrant du jour. Mais le pays reste divisé et il faut plus qu’un discours pour panser une décennie de plaies parfois béantes. En outre, on le sait, en matière de politique pour ce qui concerne l’Afrique le plus dur n’est pas de conquérir le pouvoir, c’est sa gestion intelligente qui pose problème. En cote d’ivoire , aujourd’hui , plus qu’ailleurs.
Pour rassembler et regarder dans la même direction c’est désormais à la gouvernance d’ADO de donner des gages, de vrais gages et ceux-ci vont au delà d’un gouvernement d‘Union . La proposition du reste n’est pas nouvelle et Gbagbo, en position de négocier, l’avait refusée. Il concerne la construction d’une volonté largement partagée de cheminer ensemble, car tous les camps engagés dans la crise gardent intacts leur capacité de nuisance et l’esprit de revanche n’est jamais loin quand il y a eu mort d’hommes. La Côte d’Ivoire, en toute lucidité, est encore dans l’œil du cyclone. Qu’il s’agisse d’une armée républicaine, d’un tissu social ou d’une ossature économique à mettre en chantier.

ADO, ce qu’on attend de lui, à cette étape de la vie de son pays, aux portes de la reconstruction, ce n’est pas qu’il fasse montre de ses qualités de gestionnaire, et comme qui dirait de ses talents de banquier. Mais qu’il gouverne en politique avisé, sachant anticiper les événements, faire que les solutions précédent les problèmes. Bref qu’il sache qu’on ne gouverne pas un pays comme on gère une entreprise. C’est l’unique condition de sa réussite. Et comme un virtuose de l’aiguille et du fil, se convainc que les cinq ans qui s’ouvrent suffiront à peine pour recoudre un pays déchiré de toutes parts, en lambeau.
S.El Moctar Kounta

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