Edito : A quoi sert le long séjour à l’hôtel ‘’El Aurassi’’ ?

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Moustapha Diawara - pardonnons - avance - marasme
Moustapha Diawara

Une véritable portion d’accord, après de longs séjours dans le luxueux hôtel algérien d’El Aurassi. Après une cinquième séquence de pourparlers, dits inter-Maliens, sous l’égide de la médiation algérienne, on a l’impression que les protagonistes  pour la paix barbotent sur la touche.  Comme des poules d’une même bassecour, ils pédalent dans la choucroute, maintiennent le suspens, suscitent, à chaque reprise, l’espoir  et terminent le processus en eau de boudin. Cette cinquième séquence, il faut avoir le courage de le reconnaître, est de trop. Surtout pour la partie malienne. Rien n’accommodait nos interlocuteurs à se précipiter sur un autre round de pourparlers, pour aller diminuer la notoriété de toute une République au rang  de ces rebelles, qui étaient en position de faiblesse sur le terrain, lesquels avec ce ‘’simulacre’’ d’accord, dénommé déclaration d’Alger, gagneront en privilège dans la zone. Faut-il s’étonner de leur démarche à vouloir encore évoquer la question de fédéralisme, quand un ministre des Affaires Etrangères d’un pays souverain sort toute sa dentition pour attraper la main d’un chef rebelle devant un accord qui exige le gel des positions sur un territoire national ?

Il faut le dire, celui qui assume la diplomatie malienne actuellement, a certes une bonne tronche devant les cameras, un accoutrement d’un garçon instruit, mais n’a jusqu’à présent pas donné la preuve de son caractéristique d’homme à poigne. Il excelle plus dans les consultations que les négociations au vrai sens du terme. Sinon, il avait l’occasion de claquer la porte ou tenter de bouder ces pourparlers dès lors que l’autre partie a recommencé son cinéma.

Pourquoi ne pas saluer l’attitude de l’Amenokal de Kidal, Mohamed Ag Intalla, qui a ouvertement protesté contre toute idée de fédéralisme ou de l’autonomie de la région de Kidal ?

Si les groupes armés ont ravi la vedette au Mali en communication, en sympathie avec la France et la MINUSMA, maintenant, ils viennent de confirmer leur héroïsme en processus de négociation. Tremblotant devant la force du GATIA, ils ont réussi à acquérir du Mali, ceux qu’ils n’ont  pas pu avec la MINUSMA. Une tentative avec l’organisation onusienne qui a d’ailleurs suscité le courroux des jeunes de Gao,  qui ont  donné leur front aux balles de la MINUSMA, à travers une manifestation. Ce qui a amené la MINUSMA à tourner casaque.

De deux choses l’une : si le processus ne finit pas de finir, soit les médiateurs maliens ont un gain certain dans ces allers retours incessants (Bko-Alger), soit ils n’ont pas la qualité requise pour tenir tête à ces ‘’cleptomanes azawadiens’’. Sinon, comment comprendre qu’après cinq rounds, sanctionnés chacun par des séances de concertation, d’ateliers de réflexion et de séminaires de relecture, qu’on soit toujours au point mort, ne serait ce que par rapport au retour de l’administration dans la seule région de Kidal ? Il est donc temps, au-delà des discours alarmistes des leaders de l’opposition, que l’Etat s’assume. A cette étape, personne, ni une quelconque organisation de la communauté internationale ne peut en vouloir au Mali de ne pas s’engager sur la voie du dialogue.

Cette affaire du nord, très profonde parce qu’elle touche au sens que nous donnons à l’existence d’un Etat souverain, ne se résoudra pas par un simple replâtrage systémique sur fond  de petits accords.

Moustapha Diawara

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