L’info tient sur cinq lignes mais elle est singulièrement grave si elle est fondée et encore plus grave si elle ne l’est pas : onze gendarmes algériens tués mercredi, leurs armes emportées et leurs véhicules détruits. Théâtre des opérations : Tinzawaten, dans la partie algérienne de cette frontière troublée avec le Mali. Agresseurs présumés : un groupe « terroriste ».
On verra bien si cet effroyable carnage rapprochera les parties à la menace salafiste ou si, au contraire, elle les éloignerait. Pour l’instant, le message salafiste est limpide : même Tamanrasset, le siège des Etats major ligués ne saurait être un bouclier sûr contre les Jihadistes. Il suffit pour ceux-ci de le vouloir, de le décider et bonjour les dégâts. Le branle-bas généralisé qui a suivi l’affaire Camatte nous laissait pourtant espérer qu’Aqmi – à condition qu’elle soit l’auteur du forfait du mercredi- signait ses derniers hauts faits. L’Algérie et la Mauritanie avaient filtré leurs frontières à grand renfort de com.
Le pays d’Abdel Aziz ira même jusqu’à lancer un mandat d’arrêt international contre le chef salafiste Belmokhtar. Et sommé d’agir, le Mali s’est aligné sur la position de la communauté internationale. Qu’est-ce qui a provoqué cette action terroriste ? Vengeance suite à l’assassinat rapporté par la presse algérienne d’un chef jihadiste à la frontière mauritanienne? Déclaration de guerre contre des Etats qu’elle sait en préparation contre elle ? Aqmi vient, en tout cas, de prouver une fois de plus qu’elle ne tombera pas comme un fruit mur et qu’elle est déterminée à rendre coup pour coup. Alors que l’approche militariste se dessine contre l’hydre salafiste, le massacre de Tinzawaten démontre d’abord que la paix dans l’espace sahelo-saharien n’est pas au bout du seul fusil. Il démontre ensuite que l’union des forces régionales ne peut pas être l’addition de nos faiblesses respectives.
Adam Thiam