Edito : 22 septembre dans la peur

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Madiassa Kaba Diakité

22 septembre 1960- 22 Septembre 2014, le Mali « indépendant » a 54 ans. Les maliens ont, cependant, fêté cette indépendance dans l’angoisse. Une anxiété collective qui trouve, principalement, sa source dans la situation du Nord qui peine à trouver une solution définitive de sortie de crise, mais aussi, aux scandales financiers de tout genre, aux crises de fonctionnement au sommet de l’Etat, à la grogne des syndicalistes… Tous ces facteurs font que les Maliens évoluent dans un contexte de doute et d’incertitudes, de peur, de déception voir d’illusion.

 

Les fêtes d’indépendance se succèdent, mais ne se ressemblent guère dans notre pays. En effet, le 22 septembre 2014 coïncide, à quelques jours près, avec l’anniversaire de la première année d’IBK au pouvoir. Une année de pouvoir très mitigée. Une fois de plus, l’indépendance est fêtée sans que Kidal ne soit dans le giron de la République comme en 2012 et 2013. Et osons le dire, les maliens ont, aujourd’hui, peur. Peur pour l’avenir de leur pays. Considéré à son arrivée au pouvoir comme l’homme de la situation, le sauveur de la nation, le président IBK, n’a pourtant pas emmené un grand changement dans la situation du pays, du moins jusqu’ici. Aujourd’hui, le Malien lambda qui coure dernier son pain quotidien a le sentiment que les choses s’empirent de jour en jour. Depuis son accession à la magistrature suprême, un sentiment d’éparpillement des forces, de manque de vision politique et économique du chef de l’Etat dominent.

 

 

Les maliens s’inquiètent du paternalisme béant du chef de l’état qui est en manque d’arguments pour convaincre le peuple qui a, pourtant, massivement voté pour lui. La population semble ainsi oubliée dans les préoccupations du gouvernement. La menace du sécessionnisme n’a jamais autant plané aussi bas sur la tête des Maliens. A Alger, où se joue l’avenir du pays, chaque jour amène son lot de surprises. Les groupes armés, se sentant en position de force après l’occupation, à nouveau de la région de Kidal ne veulent pas lâcher du lest. Ainsi, ils montent les enchères et les pourparlers piétinent. Le Mnla, à travers l’un de ses cadres Moussa Ag Attaher, avoue ne pas être à Alger pour discuter du développement des régions Nord du pays, mais pour trouver un statut pour l’Azawad. Et même si l’optimisme est de mise du côté de l’Etat malien, la population est en train de prendre le devant pour manifester son inquiétude quant à l’issue de ces pourparlers.

 

 

Après Gao, la cité des Askias, Tombouctou, la ville des 333 saints, est sortie massivement le dimanche pour dire non au fédéralisme, à l’autonomie ou l’indépendance de « l’Azawad ». Pour les mêmes raisons, une grande marche est programmée par la plate-forme de la société civile, le jeudi prochain, dans toute les capitales régionales. Une pression supplémentaire sur l’Etat qui s’est pourtant mis, lui-même, dans cette situation inconfortable d’isolement. A cela s’ajoutent les problèmes sociaux tels que le chômage, la pauvreté et l’incapacité du gouvernement à trouver un compromis avec les syndicalistes.

 

 

L’ire populaire est d’autant plus forte qu’au lieu de montrer l’exemple en se soumettant à la politique d’austérité qui sied à l’heure, le gouvernement semble, au contraire, mener un train de vie dispendieux. L’achat d’un Boeing à plusieurs milliards hante encore les esprits des Maliens. Le pouvoir en place doit rapidement tirer les leçons de ces inconséquences afin de dissiper cette peur qu’ont les Maliens de l’avenir du pays.

 

Madiassa Kaba Diakité

 

 

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1 commentaire

  1. bel article, sans parti pris.Le pire, c´est qu´il n y a pas de verve citoyenne dans notre grand peuple, qui lui n´est plus capable d´avoir l´humilité de se hisser au-dessus des intérêts de camps, tant la question es capitale et ses conséquences programmées.
    Si ca pète, cette fois-ci nous ne sommes pas sûr de béneficier des soldats tchadiens et francais qui sont morts par dizaines pour nous.

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