Edito : 2024 « Annus horribilis » ou Une année horrible !

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Une année s’achève, une autre commence bientôt, celle qui fera certainement naître pour le Mali  cette lueur d’espoir tant attendue et qui n’a été jusque-là qu’un leurre. Le  peuple si résilient  est toujours à la recherche du bien-être, du mieux-être tant sur le plan social que sécuritaire. L’espoir d’une vie meilleure et d’un développement durable dans un pays sécurisé, que les autorités actuelles lui ont fait croire est en train de se transformer en désillusion au fil des ans et cela depuis quatre ans. Le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos et le peuple est loin de voir le bout du tunnel. De mémoire d’homme et d’histoire le Mali de l’indépendance au coup d’Etat du 18 Août 2020, n’a jamais connu une crise aussi grave  que celle qu’il endure depuis l’avènement des militaires au pouvoir en Août 2020. Tous les segments de l’Etat sont touchés et le peuple est réduit à l’état de mendier  sa subsistance quotidienne. L’économie, socle de tout développement s’est effondrée. Elle est à terre entrainant dans sa chute vertigineuse la fermeture des entreprises, la mise au chômage d’une masse importante des citoyens qui dans une croyance fatale s’en remet à la volonté du bon Dieu, car ne sachant point à quel saint se vouer. La question qui taraude tout bon esprit est celle de savoir si cette chaotique situation préoccupe les plus hautes autorités de notre pays ?

La réponse est vraisemblablement non,  car tous les voyants  sont  au rouge une couleur alarmante sans nul doute. 2024 a été une année particulièrement éprouvante tant sur le plan sécuritaire que sociopolitique, une véritable » annus horribilis ». Sur le plan sécuritaire le terrorisme s’est propagé jusqu’aux régions du sud, jadis épargnées. Kayes la première région a connu des attaques meurtrières récurrentes, Koulikoro la deuxième région n’a pas été épargnée avec des attaques à Nara et surtout un blocus sur la route nationale, Sikasso région frontalière avec le Burkina Faso a connu également des attaques, Ségou dans certaines zones comme Macina a été aussi la cible d’attaques terroristes de grandes envergures, privant certaines populations de leurs activités traditionnelles d’agriculture d’élevage et de la pêche. La cinquième région, Mopti est devenue l’épicentre des activités terroristes. Un pan important de cette région, des cercles entiers sont infectés et des communes ont été contraintes de signer des accords locaux avec des terroristes  pour avoir la paix et pouvoir vaquer à leurs occupations. Que dire des régions de Tombouctou, Gao, Kidal et Taoudéni où en plus des terroristes ces trois régions sont en proie aux attaques des rebelles indépendantistes. Fait rarissime dans ces zones c’est l’utilisation des drones qui est privilégiée  .Bref la carte sécuritaire en 2024 est loin d’être rose. Elle est à la frontière entre le jaune et le rouge. Et pourtant la lutte contre l’insécurité est la priorité nationale. Sur le plan sociopolitique, la crise énergétique s’est fortement exacerbée entrainant la mort des petites et moyennes entreprises. Cette crise énergétique a fini par donner le dernier coup de massue à une économie déjà moribonde. Au lieu de parer au plus pressé afin de trouver des solutions aux problèmes cruciaux du Pays, la tendance semble de vouloir  faire taire toutes les voix discordantes. Des leaders politiques ont été  arrêtés, des leaders religieux aussi, certains arrêtés d’autres sont intimidés. 2024 c’est également la tenue du Dialogue Inter maliens, DIM qui a été un forum taillé sur mesure pour donner une certaine légitimité aux autorités et favoriser une certaine autopromotion dont les conséquences immédiates ont été un chèque en blanc pour les colonels de monter en grade et une autorisation au chef de l’Etat de se porter candidat.

En somme, après quatre années de résilience, après quatre ans de souffrance, le peuple ne demande qu’une seule chose c’est de sortir  de cette situation chaotique intenable. Que les autorités comprennent que toute résilience, toute patience et tout soutien ont des limites, le peuple a besoin d’eau, de pain et de lumière.

Youssouf Sissoko

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