Edito – 2007: alternance ou statu quo ?

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L’année 2006 s’achève, une autre commence. Au-delà des traditionnelles présentations de voeux aux autorités, parents et amis lors de la fête de la Tabaski et des fêtes de fin d’année, on aura remarqué qu’après seulement une accalmie de deux ans, le premier mandat du président Amadou Toumani Touré a été particulièrement troublé. Non pas par le fait d’une opposition pure et dure comme au temps de Alpha Oumar Konaré (le consensus, un lapin sorti du chapeau du prince pour embrigader les partis politiques empêchant toute contestation) mais à cause de l’imprévoyance du locataire de Koulouba dans certains cas et de sa négligence coupable dans d’autres.

Ainsi, en 2004 le panier de la ménagère était profondément troué. A cause d’une invasion acridienne sans précédent, de mémoire d’homme depuis la sécheresse des années 70, les Maliens n’avaient jamais connu un tel renchérissement du prix des céréales. Ils ont même failli cesser de manger le riz, leur aliment de base, dont le coût était tout simplement devenu prohibitif. D’où la hâte du gouvernement à sillonner tout le pays pour construire des banques de céréales et reconstituer le stock national de sécurité.

A cette catastrophe qu’on prendrait pour naturelle est venu s’ajouter, le 23 mai 2006, le sac des garnisons militaires de Kidal et de Ménaka par des déserteurs de l’armée malienne sous la houlette de Iyad Ag Ghaly et du faux colonel Hassan Fagaga. Une situation couronnée par la constitution d’un bloc militaro-politique de revendication territoriale aboutissant à une «large autonomie» pour la région de Kidal. Les hors-la-loi, qui ne représentent qu’eux-mêmes, ont été vite pris au sérieux par le généralissime ATT qui a signé, le 4 juillet 2006, un armistice pétainiste à Alger. D’où une vague d’indignation dans tout le pays. Pendant que nous vivons dans une situation de ni guerre ni paix, on se rend compte que sur le terrain les clauses des accords d’Alger sont inapplicables.

Il y a enfin ce livre à scandale «ATT – cratie : la promotion d’un homme et de son clan» publié par les éditions l’Harmattan en France qui en rajoute aux souillures du palais et où l’on voit un homme rattrapé par ses propres affaires et l’article de Arsène Lepigeon qui dévoile les connivences ATT-Gbagbo au détriment des intérêts de la CEDEAO et même de ceux de la Côte d’Ivoire.

Que tout cela ne grandit pas le Mali, héritier des grands empires, une démocratie considérée comme un modèle à l’étranger. L’image d’ATT batisseur de routes et de logements sociaux, «faiseur de pluies» au temps de la transition, en a pris un sale coup et, avec elle, celle de son propre pays malgré les milliards deversés dans les comptes de l’Etat par le MCA. Mais les années se suivent et ne se ressemblent guère. Bientôt commenceront les prochaines joutes électorales avec deux hommes en vue pour diriger le Mali pendant les prochaines années: ATT candidat à sa propre succession et IBK, le chef des tisserands pour lui ravir la vedette. A travers le mur fissuré du consensus, les deux candidats se regardent déjà en chiens de faïence. Chacun affûte ses armes, prépare son camp en vue de descendre dans l’arène pour un duel épique. 2007 dans ce cas sera un grand tournant car, inéluctablement, ce sera l’alternance ou la statu quo.

Mamadou Lamine DOUMBIA

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