Éditorial : Déculturation

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La déculturation est un processus conduisant à une perte d’identité culturelle d’une personne, d’une ethnie, d’une population… N’eut été la persévérance des animateurs d’émissions radio en langue nationale, la culture serait dans un état de dégénérescence désespérée au Mali.

La culture, c’est la carte d’identité d’un peuple. Si la carte d’identité précise la filiation et la physionomie d’une personne, force est de constater que les peuples d’Afrique présentent des cartes d’identité peu conforment à leurs physionomies. Hélas, après 50 ans d’indépendance politique, les africains sont à une phase d’acculturation avancée. Cette crise culturelle est en grande partie causée par la dégradation constante des langues africaines. La langue est le moteur de la culture. La culture est le véhicule du développement.

Chaque peuple fait sa culture. Chaque culture reflète son peuple. La tombée en désuétude d’une langue, entraîne inéluctablement la déconfiture d’une culture. Depuis très longtemps, le peuple malien évolue dans une atmosphère de déculturation inquiétante causée par la dégradation constante des langues nationales. Même le garde-fou qu’est la timide vulgarisation de l’alphabétisation en langues nationales n’a pu empêcher cette dégringolade.
Une telle déculturation effrénée est sous-tendue par un complexe d’infériorité des personnalités politiques et médiatiques maliennes face à la langue française.
 
Le débat autour de l’identité culturelle malienne n’a jamais été au centre des campagnes électorales qui permettent de choisir des dirigeants politiques. Des choix qui doivent être basés sur le niveau d’implication et de réalisation culturelles des candidats. Chaque citoyen, éligible et électeur, doit être fier de son appartenance à un Mali culturellement solide et solidaire. Je demeure convaincu qu’aucun peuple ne peut durablement se développer sans solidement sauvegarder ses acquis culturels pour les propager solidairement.
 
Sur le plan international, l’alphabétisation recule. Le constat est étonnant : Selon les statistiques de 2009 près de 800 millions d’adultes à travers le monde, pour la plupart des filles et des femmes, ne sont pas alphabétisés. En plus de ce chiffre, 139 millions d’enfants et d’adolescents qui sont incapables de s’insérer dans le milieu éducationnel, risquent fort d’élargir le cercle d’analphabètes. Près de 90 pour cent des adultes concernés vivent dans les pays en développement.

L’analphabétisme est un facteur de ralentissement de la propagation et de la consolidation des valeurs culturelles sur lesquelles se fonde tout développement durable. Il ne faut pas oublier de noter qu’un analphabète peut être une personne bien cultivée mais très limitée dans la diffusion et la rentabilisation de sa culture. Alors qu’une culture renfermée sur elle n’évolue pas.
Il est de notre responsabilité à tous de contribuer à l’épanouissement culturel selon nos diverses compétences pour freiner la déculturation.
Lacine Diawara

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