Sur Dioura encore traumatisé l’Exécutif n’est pas resté inactif. Après les réunions villageoises d’apaisement que la mission gouvernementale y a tenu, le procureur de Mopti est entré en action. Et dans la journée du mercredi, une trentaine de personnes ont été interpellées dans le Kareri. Parmi elles, semble t-il, Nienie Coulibaly, le chef de l’association des Chasseurs du Kareri, presumes instigateurs et exécuteurs du massacre d’une trentaine de Peul depuis la mi-avril.
La communauté et les associations peul de la zone comme en dehors doivent donc connaître quelque soulagement, elles qui déploraient zéro interpellation avant et pendant le séjour de la mission gouvernementale. Que les autorités aient décidé de sévir est alors une bonne chose. A condition que les personnes interpellées le soient pour des raisons valables. Autant les Peuls assassinés ne devaient l’être par amalgame, autant des innocents ne devraient etre détenus parce qu’ils sont Bambara.
En plus si la saisine constatée de la justice sur l’affaire de Dioura affirme la nécessaire autorité de l’Etat et qu’elle constitue un pas important vers la préservation de l’ordre social et républicain, d’autres fronts urgents existent sur lesquels l’action préventive et pédagogique de l’Etat est attendu. Car celui-ci est l’ultime garant du droit de tous à vivre sur le sol du Mali dans la dignité, dans l’honneur et en toute sécurité. On ne peut passer sous silence les échos peu rassurants qui résonnent depuis peu dans le Plateau Dogon,dans la Zone Office du Niger et dans la Vallée du Serpent.
Des associations peul déclarent que des consignes auraient été données pour chasser et où boycotter leurs communautés de ces différentes localités. Rumeurs fantasques ou directives réelles, de telles allégations donnent la mesure des dangereux glissements qui menacent ce pays où la convivialité est une valeur cardinale.
Attention! Les vrais jihadistes existent. Les vrais séparatistes existent. Les vrais architectes de la chienlit existent. Ils sont en embuscade. Et pour prospérer, ils ne peuvent escompter que l’effondrement de notre capital social que nous n’avons de cesse à malmener. De nos incompétences, de nos fourberies, de nos incuries, de nos légèretés et de nos ignorances alors que le temps pour réparer le Mali nous est compté. Au contraire des défis, eux, qui foisonnent.
Adam Thiam