Difficile montée en puissance dans le nord et le centre du Mali : Le bâton ‘’djihadiste’’ dans les roues des FAMa

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Au moment où la force française Barkhane se prépare à quitter le Mali, présageant un échec à la mise en place de la Force européenne Takuba dans ce pays, épicentre du règne des groupes extrémistes violents dans le sahel, appelés djihadistes, la violence gagne en intensité dans plusieurs régions maliennes. A l’allure où vont les confrontations au nord et au centre du Mali, entre les FAMa et les groupes armés dits dhjihadistes, on se demande si l’offensive des FAMa avec les opérations Kélétigui et Maliko, qui a permis d’engranger une montée en puissance, pourra se garder de devenir la défensive.

« L’effet sur les groupes terroristes de l’opération kélétigui menée par les Maliens avec les mercenaires du sud vers le centre du Mali, accélère le mouvement des groupes terroristes le long de la frontière et sur le nord du Burkina », reconnait le commandant de la force Barkhane, le Général Laurent Michon, qui a présenté la semaine dernière, au chef de la Transition au Burkina, le lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, les changements liés au retrait du Mali, des troupes françaises et européennes (Barkhane et Takouba) engagés dans la lutte contre le terrorisme au sahel.

La pression en cours de l’Armée malienne sur les groupes armés djihadistes, lui aura permis d’engranger une montée en puissance. Cette pression se manifeste par « la recherche et la destruction de sanctuaires terroristes dans le cadre du plan Maliko et de l’opération Kélétigui », indique le communiqué N°20 de l’état-major général des armées, en date du 9 mars 2022.

 

Les terroristes repoussés dans leurs derniers retranchements prennent la posture d’ « un ennemi en débandade », mais qui est loin de s’avérer vaincu et qui tente de se réorganiser. Cette posture qui pousse les djihadistes à battre la retraite hors du Mali est confirmée par le commandant de la Force Barkhane, le Général Laurent Michon. Selon ce connaisseur du terrain, l’opération Kélétigui a accéléré le mouvement des groupes terroristes le long de la frontière sur le nord du Burkina et a accentué la pression sur la ville de Djibo, située dans la province du Soum et la région du Sahel à 200 km au nord de Ouagadougou.

Pour autant le front n’est pas du tout paisible, la tension semble monter partout, notamment dans les régions de Djenné et Ménaka, en passant par le Gourma.

Après les revers subis par notre armée, attaquée au petit matin le vendredi 4 mars à Mondoro dans le cercle de Douentza (Mopti au centre du pays), avec plusieurs dizaines de morts et de blessés, ce fut le tour la semaine dernière à la région de Ménaka d’être confrontée à la colère des djihadistes qui ont tué plusieurs dizaines de civils et de combattants du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA).

Le MSA une cible pour des effets bien calculés ?

Le MSA est un mouvement politique et militaire né d’une dissidence au sein du MNLA, signataire de l’accord de paix négocié à Alger entre le gouvernement du Mali et les groupes armés rebelles et signé à Bamako en 2015, est un défenseur de l’unité, de l’intégrité du territoire et de la République du Mali. Son fondateur Moussa Ag Acharatoumane est un Kidalois né en 1986 et un des initiateurs du MLA (Mouvement de libération de l’Azawad) qui a prôné la démarche pacifique pour poser ses premières revendications non sécessionnistes, en organisant des marches, ayant entrainé son arrestation avec d’autres jeunes touaregs, sous le président Amadou Toumani Touré. Le MLA devint le MNLA et perdra son allure pacifiste en se militarisant lourdement après la destruction de la Libye par les frappes de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’assassinat du président libyen Mouammar el Kadhafi en 2011.

Avec la naissance du MSA le 2 septembre 2016, Moussa Ag Acharatoumane est un chef de guerre Touareg et un acteur incontournable au Mali, qui prend ses quartiers dans la zone de Ménaka, en alliance avec le Groupe d’autodéfense touareg et Imghad (GATIA créé en 2014, membre de la  Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger) du Général de l’Armée malienne El Hadj Ag Gamou.

Le commandant du Mouvement pour le Salut de l’Azawad, Moussa Ag Acharatoumane est présenté comme un allié de la France et de la force Barkhane, qui s’est engagé dans la guerre contre les djihadistes dans le Nord du Mali. Au moment où le torchon brûle entre le gouvernement malien et la France appelée à se retirer du Mali, le MSA est-il une cible visée pour des effets bien calculés ? A qui profite cet acte odieux ayant occasionné la mort de dizaines de civils et de combattants du MSA ? Ce revers subis par le MSA va-t-il le déterminer à prendre position pour le maintien de la Force Barkhane au Mali et par ricochet la Force Takuba ? Si le MSA partie à l’accord d’Alger venait à poser une telle demande sur la table du gouvernement, quelle serait la réaction des autorités ? Des questions pour lesquelles nous n’avons pas de réponse pour le moment, attendent de voir comment évolueront les choses sur le terrain.

Selon le MSA, les assaillants sont des membres de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS), affilié au groupe Etat islamique, indique la presse internationale (France24 notamment). Selon le responsable du MSA, Moussa Acharatoumane, qui a parlé à l’AFP, « une vingtaine de combattants (du MSA) et une quarantaine de civils » ont été tués dans ces incidents.

B. Daou

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