Une petite semaine après le limogeage du banquier Abdoul M’Baye de son poste de Premier Ministre et Chef du Gouvernement du Sénégal, Ibrahim Boubacar Keita, le nouveau Président de la République, nomme lui aussi un banquier au même poste, tout comme Macky, juste après son investiture.
Généralement perçus comme des fusibles par essence, les banquiers jusqu’ici nommés Premiers Ministres, toujours juste après les investitures de leurs mentors, de Younoussi Touré avec Alpha au Mali en 92, à Abdoul M’Baye en 2012 avec MackySall au Sénégal, ont eu de la peine à s’imposer au poste, avant de se faire éjecter et très souvent, très douloureusement.
Si, le premier d’entre eux dans la sous région, c’est-à-dire, le PM Younoussi, patron de la BCEAO- Mali, propre et intègre qu’il reste aujourd’hui encore, n’est pas resté longtemps à Bolibana, c’est plus par l’animosité des barons du parti que tout autre reproche. Harcelé et assailli à la fois par les multiples attentes de la rue après la révolution de mars 1991, une gestion dont il n’avait pas l’habitude, Younoussi Touré, avec les coups bas des tenants du régime, finira par se mélanger les pieds avant de se faire remercier la mort dans l’âme, par son mentor qui crû bon de l’élever à cette dignité, justifiant sa décision par la carrure professionnelle et morale de l’homme. Déçu d’avoir été évincé alors que de son point de vue, il pensait pouvoir tenir le gouvernail, Younoussi amère et profondément blessé, entamera sa traversée du désert qui ne prendrait fin qu’avec la création 11 ans après de l’URD, quelque mois après les élections générales de 2002. Aujourd’hui, il termine au bonheur des siens, la fin de la mandature législative prolongée d’ATT, en qualité de président par intérim de l’AN du Mali.
Douze ans après son éviction, un autre banquier, cette fois –ci au Sénégal voisin, après la défaite de Wade, acceptait le poste. Moralisation de la vie socio- économique du Sénégal après les gaffes financières supposées du président sortant et son clan, Abdoul M’Baye, puisqu’il s’agit de lui, vivra jusqu’à sa chute le cauchemar du malpropre traqueur de malpropres. Accusé de blanchisseur des sous mal acquis du président fugitif du Tchad, Hussein Habré après, le PM du BokYakaar, qualifié de distant, froid et connaissant mal le pays, finira par jeter l’éponge au profit de son ministre en charge de la justice.
De banquier honnête, intègre, donc capable de redresser la barre, Abdoul M’Baye, en définitive, n’arrivera jamais à se faire accepter, ni par la classe politique en général, ni par la société sénégalaise.
Faisant fi des diverses fortunes des deux premiers banquiers PM, lBK, à son tour, embarque un autre banquier. A sa nomination, tout comme après celles des deux premiers ici et au Sénégal voisin, la rue réagit positivement. Un bon technocrate, un monsieur propre, intelligent et pratique, comme tout bon banquier. Une nouvelle mariée adulée, mais attention à cette même rue impatiente et intolérante, prompte à descendre à bras raccourcis sur un pouvoir qui ne répond pas toujours selon son tempérament. A moins que, le président IBK n’ait lui-même choisit de faire face à la rue, politiquement parlant, prêt à couvrir jusqu’au bout son PM, une mœurs contraire à la gouvernance politique lorsqu’on sait, que les PM, par essence, sont des fusibles. Mais, en attendant, souhaitons à Thierno, tout le malheur de la réussite.
Sory de Motti
Quand on voit des éditorialistes se baser sur deux cas seulement pour en faire une généralité, il y a fort à se demander si l’extrapolation ou l’analyse -même triviale- est connue par ces pseudo-analystes.
On prend deux cas, dont tout oppose et on veut en faire une série qui suivrait la même logique.
Le cas Touré n’a de commun avec M’Baye que du fait que chacun fut banquier. Mais de quel banquier s’agit il? Ont ils été dans le même contexte? Ont ils été confrontés à la même réalité? D’un coté, il y a la gronde sociale et l’animosité des barons politiques et de l’autre la proximité avec un client devenu encombrant. Pourtant, M’Baye ne pouvait pas savoir qu’avoir le compte d’Hissène Habré dans les livres de sa banques lui couterait un avenir politique dont il n’aspirait pas.
Autres différences, l’un était dans la banque centrale dont l’organe de régulation de la politique monétaire et l’autre dans la banque privative donc en lien direct avec les clients et la prise de risque.
Petite analyse politique:
Je crains fort qu’IBK ne sache générer le pouvoir qu’un pays. D’où la nomination d’un technocrate au poste de premier ministre pour ne pas avoir à croiser sur son chemin un politicien ambitieux à l’image de Wade-Macky Sall. C’est mon intuition.
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