Mieux vaut tard que jamais, dit-on. En effet, à la faveur de la fameuse affaire de Fonds Mondial de la Santé où des centaines de millions de FCFA ont disparu sans laisser de trace, la lutte contre la délinquance financière commence à prendre corps dans notre pays. Cependant, nombreux étaient des Maliens qui doutaient de la sincérité du Général Président dans son combat de lutte contre les « rongeurs » de notre maigre économie nationale.
Mais depuis déjà quelques temps, le langage des uns et des autres ont commencé à changer suite à l’inculpation d’un grand de la classe politique et non moins troisième personnage de l’Union pour la République (URD ou parti de la « Poignée de mains »), Oumar Ibrahima Touré, longtemps cité dans le détournement de plusieurs centaines de millions de FCFA appartenant au Ministère et qui avaient été affectés ou alloués au Gouvernement du Mali par les Nations Unies et logés dans un Fonds communément appelé « Fonds mondial ».
Avec la mise au « gnouf » (prison) de l’ancien ministre de la Santé, nul que le Général Président, spécialisé dans les coups d’éclats et les grandes surprises, vient une fois de surprendre plus d’un en décidant de laisser notre vaillante Justice faire son travail en toute liberté, dans cette affaire qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive. Oumar Ibrahima Touré était-il réellement sous la protection du Général Président ? Bien que sûr que non, car avec son inculpation le jeudi 2 juin dernier, on peut dire que le Président ATT observé un « silence radio » dans cette affaire afin de permettre à la Justice de faire son travail sans aucune intimidation et ce, conformément à ce que dit le Droit en la matière.
Si auparavant tous les délinquants financiers étaient ainsi conduits devant la Justice, certainement que les choses auraient changé depuis. Mais comme on le dit en de pareilles cas, mieux vaut tard que jamais. Avec l’inculpation de ce puissant homme politique, le Chef de l’Etat vient de dévoiler une nouvelle face de ses multiples surprises qui n’étaient certainement pas connues des Maliens. Aussi peut-on dire que désormais, les « chemises à col blanc » ne seront plus épargnés par les foudres de la Justice : mais il est trop tôt pour se prononcer là-dessus. Mais ce qui semble désormais sûr, c’est que le Président de la République ne quittera pas son fauteuil le 8 juin 2012 sans apposer son empreinte dans les annales du « Livre d’or » de l’évolution de l’histoire du Mali.
Il l’a d’ailleurs fait à plusieurs reprises : le 26 mars 1991 avec l’arrestation d’un autre Général, le « grand frère » Moussa Traoré ; le 8 juin 1992, il a eu à se distinguer en cédant librement le pouvoir au premier Président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré. Et ATT, de surprendre à nouveau les Maliens en décidant de briguer la magistrature suprême en 2002, et cette fois, par la voie des urnes : une autre surprise puisqu’il avait été élu haut la main face à des candidats de la classe politique. Et ATT, de récidiver en 2007 en administrant une « fessée électorale » à ses adversaires de l’élection présidentielle. Une autre grande surprise et non des moindres : au moment où le peuple malien ne s’y attendait pas, il les a surpris en nommant une femme (Cissé Mariam Kaïdama Sidibé) à la tête du Gouvernement : une première dans toute l’histoire de notre pays et cela, après cinquante ans d’indépendance.
Le Général Président a encore surpris les Maliens en laissant la Justice faire librement son travail dans l’affaire du fameux Fonds mondial. Le résultat paraît plus clair : l’homme qu’on croyait être « sous le protection de son mentor » a été écroué, à la grande surprise de tous. Oumar Ibrahima Touré (puisque c’est de lui qu’il s’agit) est désormais sous contrôle judiciaire. C’est dire que la fin des fins a certainement sonné. Pourvu que tout le Droit soit dit dans cette affaire qui a dominé l’actualité nationale durant de longs mois…
Ce qu’il faut désormais clair, c’est que dans des affaires portant atteintes aux biens publics et détournements de fonds appartenant à l’Etat ou aux contribuables (entre autres), ce ne seront plus les « petits poussins » seulement qui paieront un lourd tribut en croupissant en taule : les « vieux démons » pourraient eux-aussi élire domicile dans les « lycées publics » (prisons). A Suivre !
Par Zhao Ahmed A. Bamba