La morosité de l’activité économique de notre pays est la seule cause du gap négatif de 21 milliards, accusé par l’administration des douanes ces derniers temps. Car, les produits pourvoyeurs de recettes ont affiché une baisse de volume de 7,72%. Mardi dernier, devant le ministre de l’Economie et des Finances, le directeur général des douanes, l’Inspecteur Général Moumouni Dembélé a témoigné que la réalisation de l’objectif de 385 Milliards FCFA, constitue un impératif pour l’administration des douanes.
Vêtue d’une robe blanche éclatante sous un soleil qui brillait de toute sa splendeur, Mme Bouaré Fily Sissoko, aux structures des douanes n’était pas venue, ce mardi 19 Aout 2014 pour s’apitoyer sur les résultats réalisés. Mais plutôt, renouveler sa confiance, celle des plus hautes autorités du pays à l’administration des douanes. Sinon, fixer un nouveau cap sur une base claire de confiance et du respect des réglementations des douanes.
Il était 9 heures 20mn quand le véhicule officiel de Mme le ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, s’immobilisa dans la cour du bureau des douanes de Faladiè. A l’accueil : le directeur général, l’I.G. Moumouni Dembélé au centre des cadres de la douane malienne, dont Mme Fall Alima Drabo, directrice régionale des douanes de Bamako. Celle là même qui avait l’exaltante tâche de mener la visite du ministre de l’Economie et des Finances, au niveau du bureau de Faladiè. C’était en compagnie de l’inspecteur des douanes Condé, chef de bureau de Faladiè. A pas de charges, Mme le ministre et sa délégation ont fait le tour de toutes les divisions, bureaux et brigades de Faladiè. Pour terminer cette étape, la délégation ministérielle, perdue dans la cohorte de gabelous en chef, s’est rendue à la section de Magasins et Aires de dédouanement. A ce niveau, le point focal, l’inspecteur Bacar Abdel Kader Maïga(PRFTTAO) a exposé au ministre, l’utilisation faite des 15 356 m² d’espace de stationnement et de magasins par les services des douanes. Avant d’évoquer les grandes réalisations amorcées par l’actuelle direction pour permettre à cette structure de répondre à ses missions, les plus essentielles.
Après le bureau de Faladiè, Bouaré Fily Sissoko et sa délégation ont mis le cap sur le bureau de contrôle de Transit, en face du BEMEX. Commandant Djaguéli Diakité, chef de ce bureau après avoir reçu les hôtes du jour, a procédé à la présentation physique de son bureau, avant de conduire Fily Sissoko a constaté de visu quelques bureaux des quatre sections qui composent ce bureau novateur. Le temps fort de cette visite ministérielle au bureau de contrôle de Transit a concerné la salle EBEMI. Une véritable tour de contrôle pour établir les traçabilités maritime et terrestre des cargaisons à destination du Mali et des pays de la sous-région. Une donnée visualisée du parcours, des escales et de l’arrivée sur le territoire malien. Emerveillée par la maitrise des outils de cette technologie de pointe par les agents du BCT, Fily Sissoko n’a pas manqué de les remercier pour leurs actions de veille dans la lutte contre la fraude et la célérité dont ils font preuve au service de l’administration des douanes.
« Personnellement, j’ai été impressionnée en visitant les différents bureaux témoins qu’on m’a fait visitée, par la qualité de l’environnement de travail, la documentation informatisée… Vraiment, il y’a du chemin qui a été parcouru » a indiqué Bouaré Fily Sissoko, avant de poursuivre que l’Etat ne ménagera aucun effort pour accompagner cette dynamique d’équipement des services de la douane. C’était devant les cadres de l’administration des douanes, réunis dans la salle de conférence Aldiouma Kaya de la DGD. Dans la même foulée, le ministre Bouaré Fily Sissoko a aussi évoqué la question de l’équité genre au sein de l’administration des douanes. Selon elle, les 25% de représentativité des femmes au sein de la douane devraient servir d’émulation pour la gente féminine des gabelous pour renverser la tendance avec les hommes. Comme recettes : Fily dira ceci à ses collègues : « Je pense que c’est la qualité qui importe. 25% peut servir de contrepartie à 50%, si réellement on s’assume, on se prend en charge, on profite des opportunités de formation et on tire vers le haut ».
L’importation des produits pourvoyeurs de recettes en souffrance !
Faut-il le signaler, le deuxième round, le point saillant de cette visite du ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko a concerné la direction générale des douanes. A cette occasion le ministre était accompagné par une délégation composée de : l’Inspecteur en chef des Finances, Youssouf Sidibé, le chef de cabinet par intérim du MEF, Mme Doucouré, le conseiller technique, colonel Amadou Togola, le DFM, Souley Bah et les chargés de mission, Moussa Macalou et Sékouba Samaké.
Trois temps forts ont marqué cette entrevue. Il s’agit, entre autres, de la projection sur les réalisations et les perspectives de la douane malienne, les débats et échanges entre les cadres du ministère et les responsables de la douane et les allocutions du DGD et du MEF.
Visiblement enchanté, la tête haute et les mines rassurant, le directeur général des douanes, Moumouni Dembélé dans son allocution, a prime abord félicité le ministre pour cette initiative. Cependant, cette visite est d’autant plus importante, à ses dires, qu’elle a lieu à un moment extrêmement difficile de la vie économique de notre pays. Dans un tel contexte, l’Etat se rabat toujours sur les services d’assiette de l’Etat en vue d’une plus grande mobilisation de recettes fiscales.
Est-il besoin de le rappeler, pour l’exercice 2013, sur une prévision de recette de 333,4 milliards de FCFA, la douane a recouvré 337,7 milliards, soit un taux de réalisation de 101,29%. Pour le dégé de la douane, « cette performance est à mettre à l’actif de l’ensemble du personnel de l’Administration des douanes… ». L’inspecteur général Moumouni Dembélé dira que ce résultat doit galvaniser ce même personnel à jouer sa partition afin de rélever de nouveaux défis pour le développement du Mali.
Cependant, au titre de l’année 2014, il est assigné à l’Administration des douanes un objectif de recettes de 375 milliards CFA, qui a été porté à 385 milliards à l’issue de la mission du FMI en mars dernier. Soit une augmentation de 10 milliards CFA.
Malencontreusement, entre temps, les produits pourvoyeurs de recettes, notamment les produits solides importés ont affiché une baisse de volume dans les cordons douaniers, jusqu’à l’ordre de 7,72%. Ce n’est pas tout, loin s’en faut, car au même moment, les volumes des produits pétroliers ont été de 59 millions de litres en moyenne contre des prévisions mensuelles de 61,3 millions. Soit un gap mensuel d’environ 2,3 millions de litres.
En somme, tous ces incidents imprévisibles réunis ont crée dans les comptes prévisionnels de la douane malienne un gap négatif de 21 milliards dont 16,9 milliards CFA sur les marchandises solides et 4,2 milliards sur les produits pétroliers.
Une volonté commune de transcender les difficultés !
Afin de conforter la réalisation des objectifs de recettes, la DGD a, par une lettre circulaire, invité les services à observer scrupuleusement les mesures correctives indispensables, notamment en matières de prise en charge des marchandises, de scanning et d’évaluation. En particulier, procéder à une application rigoureuse du Programme de Vérification des Importations. Toute chose qui se traduit par la mise en œuvre des dispositions contentieuses y afférentes.
A cet effet, le ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko a fait montre d’un optimisme enviable. Tout d’abord, au cours de cette rencontre avec l’administration des douanes, elle a tenu à saluer particulièrement les directions régionales dont les directeurs étaient tous présents. Pour tous ce qu’ils font pour le Mali, notamment le directeur régional de Kidal, qui est resté dans la zone malgré la crise. « Le travail de la douane est un sacerdoce, le douanier est un combattant, un soldat de l’économie qui assure les arrières de l’Etat en matière économique », a témoigné Fily Sissoko.
Pour ce qui concerne la réalisation des recettes, elle a affirmé cette que visite a été bénéfique à plus d’un titre, au point qu’elle a permis à elle et à sa délégation d’être édifiées sur la façon dont elles sont capables aujourd’hui de cerner la matière douanière . « Cela est très important, et là-dessus, je pense que cela nécessite des petits réglages. Sinon pour l’essentiel, les dispositifs sont en place pour la traçabilité des marchandises et la surveillance du territoire » a affirmé le ministre de l’Economie et de Finances. Avant d’ajouter que le soutien de l’Etat ne fera pas défaut. « On fera un genre de lobbying auprès des partenaires qui veulent bien nous aider. Qu’ils continuent à nous appuyer, à l’instar de la France et de l’Union européenne, qui le font si heureusement bien déjà, nous leur savons gré pour ça. Nous ferons en sorte de mériter toujours cet estime de leur part » a indiqué Fily Sissoko.
Par rapport aux questions des exonérations, la ministre Sissoko n’est pas allée par quatre chemins. Elle a invité les uns et les autres à travailler selon la règle de l’art. « Qu’on regarde de long en large chaque dossier d’exonération. Qu’on examine en contrepartie de cette exonération qu’est ce que nous gagnons », a-t-elle demandé, avant de préciser que c’est ce qui amené le gouvernement à mettre en place le fichier central des exonérations. Qui, à l’en croire, n’est pas un doublon de ce qui existe au niveau de l’administration des douanes, mais un complément en termes d’analyse sur ce qui est donné par l’Etat, ce qu’il ya en retour, aussi si les gens respectent leur engagement.
En matière du parc de la douane malienne, elle a laissé entendre que le constat laisse apparaitre qu’il y’a un manque criard de véhicules pour cette administration, qui doit être mobile. Sur ce plan, elle a exprimé la volonté d’accompagnement de son département.
Actualité oblige, Bouaré Fily Sissoko n’a pas tourné autour du pot pour brosser la situation critique du moment. Depuis cinq à dix ans, que la douane ne soit qu’à 50% de ses recettes. « Tout simplement par ce qu’on a voulu retourner à la réglementation. Il faut que chacun, transitaire, opérateur économique, auxiliaire de douane se donne la main. Qu’on comprenne que la réglementation est faite pour être appliquée. Ce n’est pas par ce que pendant des moments, il y a eu des déviances et des laisser aller qu’on doit continuer avec cela », a sans ambages déclaré le ministre. Avant de poursuivre en ces termes : « Il faut qu’on comprenne qu’aujourd’hui, l’heure est à la vérité et à la transparence dans tout ce que nous faisons ».
En somme, le ministre de l’Economie et des finances a indiqué que c’est après des missions poussées de vérifications, de contrôles et surveillances que ces mesures ont été prises. C’est pourquoi, elle a ajouté que son département est avec la douane dans ce qui a été prise comme mesures.
« On revient à la réglementation, mieux vaut tard que jamais, que nous souffrons de ce qui va se passer en termes de blocage, et nous pensons qu’au bout du compte avec nos partenaires, les importateurs, les auxiliaires de douanes, on avancera la main dans la main pour l’intérêt général », a-t-elle déclaré avant de nourrir l’espoir que la direction des douanes et son département seront compris dans cette action.
En guise de conclusion, le ministre de l’Economie et des Finances a invité les douaniers à œuvrer dans la solidarité et la bonne gouvernance pour atteindre les objectifs qui sont indispensables, car les ressources sont indispensables pour le budget d’Etat.
« Le douanier peut gagner correctement sa vie sans faire de déviance, en travaillant honnêtement, en verbalisant les opérateurs quand il faut. Souffrons puisqu’on puisse atteindre les objectifs » a-t-elle conclu.
Moustapha Diawara