Là-dessus, tout le monde est unanime. Ou presque. L’Ecole Malienne a connu des bonds quantitatifs. Au détriment de la qualité. Et depuis 1991. Date à partir de laquelle le système a commencé sa véritable dégringolade. Vers le système dégueulasse que nous connaissons tous. Un système où la facilité règne en maître absolu.
Cette facilité-là a bien un nom. Notes sexuellement transmissibles (NST). Ou notes financièrement transmissibles (NFT). Selon que le sexe de l’élève soit féminin ou masculin. Dès lors, les taux de passage aux différents examens pouvaient atteindre tous les sommets.
Là-dessus, tout ce qu’on trouvait à dire : « les bailleurs de fonds n’admettent plus les redoublements ». Et nos « autorités font passer tout le monde. Même ceux qui ont 3 de moyenne », ajoutions-nous. Trop facile d’accuser les bailleurs de fond aujourd’hui appelés Partenaires Techniques et Financiers (PTF).
En réalité, nous avons cessé d’être regardants. Sur les bulletins de notes de nos élèves et étudiants.
Aujourd’hui, le résultat nous tombe dessus. Comme un ballon qui percute une soupe familiale. Nos bacheliers sont incapables de faire 50% de succès. Pas même 35% de succès. Où allons-nous ?
Ce n’est pas le système scolaire seulement qui en cause. Mais aussi et surtout le système social. La faillite sociale est trop patente au Mali. Et à tous les niveaux. De Koulouba au fin fond du Mali où les pauvres citoyens sont laissés à eux-mêmes. Sans jamais savoir à qui se fier désormais. Pas même au Président de la République. Lequel, parfois, donne l’impression d’être Président d’une certaine catégorie de Maliens. Au détriment de tout un peuple. Celui-là même qui se bat contre une misère sans nom. Et dans un pays d’abondance. Il est vrai, devenu patrie de la désabondance. Par la force de pratiques mafieuses sous des dehors vertueux.
Et, la désabondance, même artificielle a un coût. Celui de la perte d’un système éducatif « digne du Mali ». Un système à l’opposé de celui qu’a préconisé la réforme de 1962. Du moins, aux dires des aînés qui en vantent encore le mérite. A juste raison, disent certains. Puisque, poursuivent-ils, ce système a formé les meilleurs cadres de ce pays.
Et, aujourd’hui ? Ce pays a-t-il encore des cadres ? Oui, répondent en chœur des fils du peuple. Et des cadres valeureux, ajoutent-ils.
Seulement, 70% de ces cadres-là doivent faire valoir leurs droits à la retraite. Et dans moins de dix petites années. Selon des prospectives dignes de foi.
Qui donc vont assurer la relève ? Le peu de jeunes cadres qui sortent du lot ? Ceux qui ont eu la chance d’obtenir des diplômes étrangers ? Les autres cadres de nos différents espaces économiques régionales et/ou sous-régionales ?
Comme disent les bamanan, nous sommes sortis depuis l’aube. Mais nous n’avons pas marché. Question : quand allons-nous enfin marcher ?
Awa DIALLO