A la loupe : Une opposition défectueuse

23 Mar 2015 - 00:09
23 Mar 2015 - 00:09
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[caption id="attachment_841582" align="aligncenter" width="630"]Le Général Moussa Traoré Le Général Moussa Traoré[/caption] Le 26 mars 1991, suite à une insurrection populaire encadrée par un groupe d’intellectuels envieux et pressés de prendre le pouvoir, l’armée renverse et arrête le général Moussa Traoré, croyant mettre fin à trente et un ans d’autoritarisme (la première république) et de dictature (la deuxième république). Vingt-quatre ans plus tard, le Mali va commémorer cette date dans un contexte que ni Modibo Kéita, en 1963, ni Moussa Traoré, en 1990, ni Amadou Toumani Touré, en 2006 et 2012, n’ont pu permettre : la partition du pays. Depuis fin mars 2012, en effet, le Mali est devenu deux et divisible. Elu il y a plus d’un an et demi pour régler la question, Ibrahim Boubacar Kéita n’a toujours pas de solution. L’espoir qu’avaient suscité l’invention d’un accord de paix par la médiation internationale conduite par Alger et son imposition au gouvernement malien s’est vite estompé quand les rebelles terroristes de la Coordination des mouvements de l’Azawad ont refusé de parapher le document. Le gouvernement avait pourtant fait son plan de communication, plusieurs partis politiques, dont des micro-formations, et des associations et mouvements ont été financés pour qu’ils fassent la propagande du document lors de conférences d’explication et d’approbation du projet d’accord. Cela n’a pas bien marché. Et la situation devient de plus en plus critique quand ces rebelles terroristes reviennent à leurs vieilles revendications –autonomie et statut juridique et politique pour l’Azawad- et que le Mali refuse d’engager de nouvelles négociations. Sur quelles bases, d’ailleurs, les autorités vont-elles négocier ? Comme le Kénédougou ou le Bélédougou Déjà que les partis politiques de l’opposition ne leur font aucun cadeau à cause de certains points contenus dans l’accord, points qu’ils contestent et qu’ils jugent néfastes pour le futur du pays et funestes pour l’intégrité du territoire. De fait, l’opposition, qui se plaignait de ne pas être consultée, complique à l’envi la situation maintenant qu’on daigne la consulter. Même si le gouvernement ne veut donner aucun statut politique, territorial et juridique à l’Azawad mais est prêt à signer le document qui prévoit, dans le futur, la tenue d’une conférence nationale pour débattre de la question, l’opposition ne veut pas entendre parler de l’Azawad comme d’une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique. Modibo Sidibé et ses petits camarades doivent donc aller au bout de leur logique : interdire l’usage de termes comme Kénédougou, Bélédougou, Ganadougou, Ouassoulou, Gourma, Khasso, etc. qui sont autant de réalités socioculturelles, mémorielles et symboliques que l’Azawad. Faire ne serait-ce que cette concession est une atteinte à l’indépendance et à l’unité nationale, estime une opposition de plus en plus imbue de son nouveau statut. De même, cette opposition n’est pas contente et crie au loup quand le document mentionne des quotas à octroyer aux ressortissants du nord dans le recrutement dans la fonction publique ou des pourcentages du budget national à investir dans les régions du nord. Les opposants sont tellement focalisés sur Kidal et le Mnla qu’ils ne se rendent même pas compte que l’Azawad, même dans l’entendement de criminels comme les responsables du Mnla, désigne toutes les régions et communautés du nord. Et les quotas et pourcentages bénéficieront plus autres communautés qu’aux Touareg qui ne constituent qu’une infime minorité ethnique. Dès lors, il ne s’agit alors nullement du clivage du pays en nord et sud mais d’une juste répartition des potentialités nationales par un système de péréquation. Comme cela se pratique dans tous les pays du monde. Rien de nouveau à Alger Quant à la régionalisation, il s’agit d’un vieux projet dont le but est de faire passer la décentralisation à un stade supérieur. Après près de vingt ans de mise en œuvre, la décentralisation a montré des failles et lacunes que des hommes qui, eux, on eu la chance d’être élus par le peuple au lieu d’être versés dans l’opposition, ont jugé nécessaire de corriger. Et puisqu’il s’agit avant tout d’autogestion et de développement local, quoi de plus normal que les acteurs soient des autochtones plutôt que des personnes coptées ou parachutées qui ignorent tout des réalités locales. Quoi de plus normal que les populations elles-mêmes élisent leurs responsables communaux, locaux et régionaux ? Il y a quelques années, les centres de conseil communal, un projet de la décentralisation, ont été poussés vers l’intercommunalité dont le conseil consultatif interrégional serait le summum. A Alger, rien n’a été inventé, de vieux projets et idées ont simplement été remis au goût du jour dans la perspective du projet de redécoupage territorial initié par l’administration ATT, car c’est bien l’ancien président qui a créé de nouvelles régions. Grincheux et acariâtres S’il y a un point sur lequel il faut être d’accord avec l’opposition, c’est bien l’échec global de l’administration IBK à sortir le pays de l’ornière. Mais ce serait criminel de la part de cette opposition puérile de tirer sur l’ambulance au lieu de lui frayer un chemin sans obstacle vers l’hôpital. Et la meilleure manière pour ce faire, c’est d’aider les autorités actuelles en ce moment crucial où, à cause de la mauvaise foi et de l’hypocrisie de certaines communautés internationales, elles frôlent la guerre civile dans le septentrion, c’est-à-dire dans plus des deux tiers du territoire national dont déjà une région entière est soustraite à la souveraineté nationale. C’est cela le rôle d’une opposition consciente, responsable, constructive et positive. Et non la tenue de discours de mauvais perdants grincheux et acariâtres dont le peuple n’a pas voulus pour le diriger. Cheick TANDINA

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